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hors les murs
 

Pont/Bridge — Londres

Kim Kielhofner
READING PATTERNS

Présenté à LUX du 7 mai au 10 juin 2017
Vernissage le 7 mai

 

Cette exposition fait partie de Pont/Bridge, un partenariat en continu entre LUX et Dazibao. READING PATTERNS est accompagné d’un programme vidéo complémentaire présentant des œuvres d’artistes québécois sélectionnées par Kim Kielhofner et France Choinière.

En me penchant sur la complexité de l’histoire de la forme narrative, de notre compréhension des histoires et de la mémoire, je fais appel à des images trouvées issues de diverses sources culturelles – le cinéma, le vidéo Internet, le home movie – et j’emploie des techniques temporelles comme le rythme et la ponctuation, pour élargir le champ des images. Cet espace ouvert, permet d’offrir une superposition d’histoires et de significations où se mêlent des ancrages tant personnels que collectifs. La répétition devient forme et des idées de soi, des lieux et des événements peuvent être réécrits à travers le réarrangement et la dispersion.
— K.K.

Avec READING PATTERNS, l’artiste montréalaise Kim Kielhofner présente deux œuvres qui explorent la manière dont l’intériorité propre à un individu, et implicitement toute sa subjectivité, rencontre le monde extérieur. Pour y arriver, l’artiste se fait collectionneuse des reliquats du quotidien, d’images qui ponctuent son environnement et, comme elle le dit si bien, se collige une réserve d’évènements humains. Cette archive personnelle, qui défie toute temporalité, soigne avec délicatesse son anachronisme pour qu’en émerge une forme narrative invitant le spectateur à s’insinuer à même l’histoire, à même ce qui lui est raconté. Souvent soumises simultanément au spectateur, parfois enchaînées très rapidement, les images amassées par l’artiste guident le spectateur dans ses questionnements sur son rapport à autrui. Quoique le travail de Kielhofner semble a priori reposer sur la compréhension de l’autre dans l’analyse et la répétition de ses gestes, c’est tout le processus de la construction de soi par l’analyse des autres qu’il révèle. En multipliant les niveaux de lecture, les répétitions, les analogies et les intersections visuelles ou de sens, l’œuvre de Kielhofner en appel à la recherche d’un motif commun. 

Ainsi, dans une approche à première vue intimiste, l’artiste aborde des enjeux sociaux sensibles en questionnant les implications philosophiques et psychologiques, voire politiques, de l’archive personnelle. Dans l’acte même de collectionner se manifeste le potentiel de développer une réflexion critique sur l’identité culturelle, puisque chaque choix – chaque omission aussi – ouvre sur de nouveaux récits et permet de revisiter l’histoire.

Dans READING PATTERNS TOGETHER, deux inconnues se croisent autour d’un mystérieux colis et tentent d’élucider les liens qui les unissent. Les protagonistes évoluent dans un espace indéfini où sont colligées des images trouvées (found footage) et de nouvelles images qui ressemblent parfois à des reconstitutions ou à des performances pour la caméra. Cet univers équivoque, en démultipliant les points de vue et en interchangeant les rôles, propose une comparaison entre l’expérience toute individuelle – intérieure – de la lecture, et celle tournée vers l’extérieur qu’offre le cinéma. Par une sorte d’ubiquité de la présence féminine au cinéma, et en brouillant les pistes à savoir qui regarde qui, c’est aussi la définition de soi qui est mise en parallèle avec l’adulation de l’autre. Se côtoient, dans cette œuvre collage, des images d’actrices féminines qui étaient également réalisatrices, comme Barbara Loden qui tourna Wanda en 1970, ou Juliet Berto, actrice fétiche de Jean-Luc Godard et Jacques Rivette, qui réalisa quelques films, dont Neige en 1981. 

TO READ IN A BLACK ROOM s’inscrit dans le prolongement de READING PATTERNS TOGETHER. Les doigts vernis de Barbara Loden dans Wanda (1970), l’utilisation de bonbons comme transition dans Céline et Julie vont en bateau (1974) et les diamants comme dispositif de transformation dans Duelle (1976), tous les deux de Jacques Rivette, constituent une enfilade de symboles témoignant d’une présence féminine nécessaire au développement de la narration. Pourtant, ce n’est que dans l’interstice, dans l’espace parallèle très subjectif qu’ils appellent, que se développe l’œuvre, comme s’il s’agissait de performer l’acte de regarder, de tester l’acte de créer. 


Kim Kielhofner a complété une maitrise en beaux-arts au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres en 2010, précédée d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia en 2007. Reconnue pour ses œuvres vidéo et ses œuvres dessinées qui prennent souvent la forme de livres, son travail a été diffusé dans de nombreux festivals sur la scène internationale. Récemment, VOX (Montréal, 2015) et Sporobole (Sherbrooke, 2017) lui consacraient une exposition individuelle. Elle remportait en 2013 le Prix Charles Patcher (artiste émergente) de la Fondation Hnatyshyn, et était de l’exposition New Contemporaries: In the Presence, présentée au S1 Artspace and Site Gallery (Sheffield) et au Institute of Contemporary Arts de Londres en 2011. 


PROGRAMME COMPLÉMENTAIRE

Sans aborder une problématique commune, les œuvres de Elisabeth Belliveau, Kandis Frieden, Anna Hawkins, Frédéric Lavoie, Claudie Lévesque et Frances Adair McKenzie s’unissent pour offrir une perspective singulière de l’art vidéo actuel où la déconstruction, le collage et l’élaboration d’archives personnelles questionnent notre rapport à l’histoire ou à tout le moins l’inscription de celle-ci.

 

Anna Hawkins, How to Chop an Onion (2016) – 10 min. 38 sec.

Kandis Friesen, woa enjelsch (2011) – 7 min. 50 sec.

Elisabeth Belliveau, Limonade (2016) – 4 min. 53 sec.

Claudie Lévesque, The Rise and Fall of a Long Distance Relationship (2008) – 4 min. 25 sec.

Frances Adair McKenzie, A Love Poem to Unnecessary objects (2014) – 4 min. 37 sec.

Frédéric Lavoie, Motus Animi Continuus (2015) 
– 20 min. 07 sec.



Elisabeth Belliveau
Inspirée des textes de Clarice Lispector, l’œuvre Limonade explore la transformation matérielle au fil du temps, ainsi que des thèmes de la nature morte et du memento mori. Des fruits en décomposition performent de pair avec des figures qui émergent et puis s’écroulent, alors que des nuages éphémères de plasticine défilent sur fond de ciel en papier.

Elisabeth Belliveau est une artiste interdisciplinaire et a publié quatre ouvrages de fiction illustrés. Son travail a été présenté à l’international. Elle a participé à plusieurs résidences d’artistes dont le Banff Centre, le Women’s Studio Workshop (NY) et l’Office national du film du Canada. Belliveau possède une maitrise en beaux-arts de l’Université Concordia à Montréal, où elle vit et travaille. Elle a récemment été récipiendaire de l’atelier-résidence du CALQ Tokyo Wondersite au Japon, pour les premiers mois de 2017.

Kandis Friesen
woa enjelsch intervient dans une bande vidéo d’une réunion de famille mennonite russe prenant place dans les années 1980 dans le sud du Manitoba. Se traduisant directement par « avoir été devenu anglais », cette œuvre se penche sur les espaces qui délimitent les identités culturelles et linguistiques, ainsi que les contradictions d’une foi statique envers une culture perpétuellement changeante. En anglais et en russe mennonite (plaut’dietsch), sans traduction ni sous-titre, cette vidéo fait partie du Mennonite Video Archive Project, une série qui recueille et recadre des films et vidéos d’archives provenant de la diaspora mennonite.

Kandis Friesen est une artiste interdisciplinaire de Montréal. Sa pratique se penche sur les langages diasporiques, les traductions égarées, et les rôles du document et de l’archive dans la construction d’une mémoire collective. Son travail a été présenté à l’international dans plusieurs festivals et galeries, et ses œuvres vidéo sont distribuées par Groupe Intervention Vidéo à Montréal.

Anna Hawkins
How to Chop an Onion rassemble des fragments de vidéos tutorielles trouvées sur YouTube ainsi que des séquences présentant le corps même de l’artiste, afin d’éconduire des idées reçues quant à la façon dont des connaissances tactiles, domestiques et intimes sont démontrées, vécues et esthétisées sur Internet.

Anna Hawkins est une artiste américaine qui vit et travaille à Montréal. Elle a récemment présenté des expositions individuelles au Centre CLARK (Montréal) et à Eastern Edge Gallery (St. John’s, Terre-Neuve). Ses expositions de groupe comptent la UCLA New Wight Biennial (Los Angeles, ÉU), la WRO Media Art Biennale (Wrocław, Pologne) et The Laocoön Dilemma à la Galerie Sturm (Nürnberg, Allemagne).

Frédéric Lavoie
Motus Animi Continuus (mouvement perpétuel) présente un récit fictionnel réalisé à partir de collections d’images documentaires ou d’archives, principalement issues d’Internet. La question clé, celle des changements climatiques, implique toutefois un point de vue théorique et historique, alimenté par des recherches sur l’histoire du climat, les grandes mythologies apocalyptiques, les récits premiers de fin du monde, la philosophie et la littérature.

Frédéric Lavoie détient une maitrise en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM, à Montréal, où il vit et travaille. Sa pratique comprend des installations vidéo, des documents sonores ainsi que des interventions dans l’espace public. Actif depuis 2003 dans le milieu des arts, ses œuvres ont été abondamment présentées autant dans des galeries, des centres d’artistes, des musées que des manifestations vidéo.

Claudie Lévesque
Dans The Rise and Fall of a Long Distance Relationship, une femme laisse plusieurs messages téléphoniques sur la boite vocale d’une mystérieuse Sabrina. La bande sonore, composée de la voix féminine et d’un bruit qui pourrait être le bourdonnement produit par la ligne téléphonique ou encore le faible bruit des vagues, accompagne l’image en noir et blanc réalisée à main levée qui représente un paysage rocheux de bord de mer.

Claudie Lévesque a obtenu un diplôme en cinéma de l’Université Concordia en 1991. Depuis 1996, elle se consacre aux arts médiatiques en tant qu’artiste et travailleuse culturelle auprès des centres d’artistes Les Films de l’Autre et Main Film, où elle réalise plusieurs courts métrages ainsi que des projets spéciaux de programmation et d’installation. Ses œuvres ont été présentées dans de nombreux festivals et lors de divers évènements. Elle réalise présentement un premier long métrage documentaire.

Frances Adair McKenzie
A Love Poem to Unnecessary Objects est une méditation sur la matière en mouvement, une réponse sensuelle et directe à l’appel des objets. L’œuvre explore la production du sens à travers un vocabulaire de la consommation absurde, et évoque un bruit ambiant ainsi qu’un concentré d’effets qui mêle à la fois technologies ainsi que références culturelles nobles et populaires.

Frances Adair McKenzie est une artiste multimédia qui combine les genres et les technologies de façon à invoquer la construction de mondes fantastiques internes comme externes. Prenant comme points de référence simultanément l’histoire de l’art et la culture populaire, elle propose le monde du spectacle comme espace DIY de subversion et de pouvoir. McKenzie a obtenu un diplôme en nouveaux médias de la B.C.I.T. et un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia. Certaines de ses animations ont été commandées par l’Office National du Film du Canada. Elle vit et travaille à Montréal. 

Pont/Bridge est soutenu par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie dans le cadre du programme Coopération culturelle Québec-British Council.


 
Dazibao remercie les artistes et Benjamin Cook pour leur généreuse collaboration ainsi que ses membres pour leur soutien.

Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.