salle d'exposition
 

Gabriela Golder

Du 25 août au 8 octobre 2016
Vernissage le 8 septembre dès 17 h

 

À l’origine, dédié exclusivement à la photographie, Dazibao s’est inscrit d’abord dans cette mouvance où l’image se définissait par son potentiel documentaire, comme manière de comprendre le monde et par extension d’agir sur lui. Cette approche a rapidement été traversée par moultes questionnements théoriques autour des mécanismes de production des images et de ses usages. Activées davantage par les modus operandi de l’image ainsi que par ses formes nouvelles – vidéo, numérique –, les œuvres produites dans ce contexte se sont parfois quasi évidées de tout désir de représentation.

Loin du constat affirmant une faillite de l’image et affranchis de ce discours autour de son statut ou de sa nature, certains artistes sont d’abord préoccupés par ce que les images peuvent véhiculer... ou non. Dans un monde obnubilé par sa représentation, ces œuvres installent des temps et des conditions de réception qui diffèrent des images médiatiques et sont animées par le désir de montrer sous un jour nouveau des faits ou des récits normalement passés sous silence, sinon habituellement soustraits au regard public.

Ali EL-Darsa, Gabriela Golder, Roberto Santaguida et Sandra Volny proposent quelques approches singulières de ce qui pourrait être une nouvelle vague du documentaire. Une forme documentaire qui travaille souvent par cumul, qui en multipliant les points de vue et en associant plusieurs idées cherche une certaine vérité. F.C.

Gabriela Golder est née à Buenos Aires. Artiste, professeure et commissaire indépendante, elle est directrice de CONTINENTE, un centre de recherche en art audiovisuel de la Universidad Nacional de Tres de Febrero ainsi que de La Bienal de la Imagen en Movimiento (BIM). Depuis 2013, elle est commissaire invitée du programme de vidéo et de cinéma expérimental du Museo de Arte Moderno de Buenos Aires. Ses vidéos, films et installations ont été présentés dans de nombreux lieux d’exposition et festivals à travers le monde et récompensés par plusieurs prix et bourses. Témoin scrupuleux des mouvances politiques, sociales et économiques de l’Argentine contemporaine, l’œuvre de Gabriela Golder explore métaphoriquement les notions de mémoire collective, d’identités et de droits.

Le terme anglais « conversation piece » désigne un genre pictural entre le portrait, la scène domestique et le paysage. Typiques de la bourgeoisie anglaise du 17e siècle, ces tableaux mettent en scène une activité familiale à laquelle le spectateur, souvent, se sent convié. L’œuvre de Golder intitulée Conversation Piece emprunte à ce genre pictural tout en faisant de la bourgeoisie même un sujet de discussion. Dans ce tryptique vidéo, l’artiste met en scène sa mère, militante au Parti communiste argentin, et deux fillettes qui non sans heurts lisent à voix haute le Manifeste du Parti communiste rédigé par Marx et Engels en 1848. La présentation sous trois différents cadrages de cette scène procurent au spectateur l’impression d’être de cette conversation où une femme plus âgée commente et explique des concepts dont la complexité échappe en grande partie aux fillettes. Au fil de la lecture de ce texte emblématique, elles plongent toutes trois dans l’histoire de la lutte des classes, de la rébellion sociale provoquée par l’industrialisation du 20e siècle puis dans ce qui seraient les principes fondateurs de la société moderne. Toutes ces oscillations entre lectures, questions et explications, mutent lentement vers une métaphore sur le cours de la vie, figurant ses difficultés, ses doutes, ses erreurs, ses défis et surtout cette nécessaire résilience à la survie.

Pour Tierra Quemada (Terre brûlée), Gabriela Golder réfère à une catastrophe ayant marqué récemment le
Chili : un feu rasant les collines surpeuplées de Valparaíso, a fait plus de 12 000 victimes et détruit près de 3 000 maisons. L’incendie a été qualifié de catastrophe naturelle par les autorités qui ont accusé divers facteurs climatiques comme la sècheresse, la direction du vent, d’avoir attisé le brasier. On ne peut toutefois nier que les piètres conditions de vie des habitants — les amoncellements de matières inflammables, une alimentation en eau restreinte en plus d’un accès des secours rendu difficile par des rues très étroites — se sont avérées être déterminantes dans l’étendue du désastre.

Dans la version officielle de la police chilienne, le samedi 12 avril 2014, en fin d’après-midi, deux oiseaux posés sur un fil électrique, secoués par des vents violents se sont électrocutés. Portées par les forts vents, quelques étincelles auraient démarré le brasier. Dans une œuvre éloquente de sobriété, un plan fixe en noir et blanc du paysage dévasté où ne persistent que quelques silhouettes d’arbres accompagnées du pépiement insouciant des oiseaux, Golder atteste du tragique évènement, tout en laissant planer le doute sur la nature accidentelle de la chose. Les chants d’oiseaux omniprésents sur la bande sonore semblent défier la version émise par les autorités chiliennes.



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