Conversation Between Collections
Animal Love
Le 29 avril 2021 à 19 h
Diffusion en direct sur Facebook et YouTube
Ce programme est présenté un soir seulement
Dans le cadre de la série dv_vd, Vidéographe et Dazibao sont heureux de consacrer deux soirées de diffusion en ligne à Filmform, sous l'égide de Karine Boulanger (Vidéographe), Anna-Karin Larsson et Andreas Bertman (Filmform). Dans Conversation Between Collections, Vidéographe et Filmform proposent un commissariat croisé de leur collection respective, au travers de deux programmes vidéo inédits, Animal Love et Traces et territoires.
Né d’une rencontre des deux équipes à Stockholm en 2018, lors de laquelle la similarité des organismes s’est imposée, ce programme marque une première collaboration entre Filmform (Stockholm) et Vidéographe (Montréal). Fondé en 1950, Filmform distribue et conserve une riche collection de cinéma expérimental international des années 1920 à aujourd’hui. À 50 ans, Vidéographe continue d’étoffer un catalogue de distribution de plus de 2 300 titres québécois et internationaux des années 1970 à nos jours. Signe des temps sans doute, les deux programmes présentés ici regroupent des œuvres récentes tirées des deux collections autour de thèmes complémentaires : Animal Love, préparé par Andreas Bertman et Anna-Karin Larsson, et Traces et territoires, préparé par Karine Boulanger.
Programme (60 min.)
Empruntant son titre au film controversé d’Ulrich Seidl de 1996, ce programme soulève la question du contrôle, de la communication et du désir dans les relations entre l’humain et l’animal. Dans les films d’ouverture de Marte Aas et d’Ilona Huss Walin, les perspectives anthropocentriques se décentrent pour finir par s’emmêler. On y voit les animaux vivre des deuils, faire acte de mémoire ou encore observer la culture et le comportement des humains. Ce renversement des perspectives se retrouve des années plus tard dans le zoo virtuel qu’a imaginé Elisa Gleize et dans le film de Hillside Projects où l’on part à la recherche d’un oiseau bleu en voie de disparition. La compréhension humaine de la sexualité est également un thème qui imprègne plusieurs œuvres du programme et qui permet de déconstruire la notion de comportement naturel. Sur le plan symbolique, ce thème se retrouve dans l’œuvre de Lova Hamilton, qui s’attarde sur la domestication orale d’un coq, de même que dans celle de Frédéric Moffet, qui explore une base aérienne abandonnée devenue réserve naturelle et lieu de séduction humaine. Sur un plan plus direct et performatif, cela sert aussi de méthode pour Joanna Rytel dans son provocant striptease pour singes ainsi que pour Rachel Echenberg dans sa tentative de se dissoudre parmi les pigeons. Ces différentes variations sur l’idée de contrôle et d’identification mettent à nu les relations entre l’humain et l’animal et nous exposent leur physionomie singulière.
- Andreas Bertman, Productrice & Anna-Karin Larsson, Directrice exécutive de Filmform
Marte Aas (Norvège)
What I Miss About People, and What I Don't Miss About People (2017) - 10 min. 51 sec., sous-titres anglais
What I Miss About People, and What I Don't Miss About People propose la vision d’un monde futur déserté par ses habitants, dans lequel une chienne solitaire décrit ce qui lui manque et ce qui ne lui manque pas des humains. La chienne vagabonde dans un paysage rocheux désertique où elle a élu domicile, pour des raisons inconnues. Les rares traces d'activité humaine qui subsistent suggèrent qu’une catastrophe a anéanti la civilisation, possiblement due à l'exploitation des ressources naturelles. Mais la chienne ne semble pas bouleversée outre mesure par ce constat : alors qu’elle déambule dans la carrière de pierre, elle ne parle que de choses extrêmement banales. L'utilisation de la double exposition et l’atmosphère sonore soulignent la perspective aliénée du film, qui cherche à comprendre qu’est-ce que le monde en l’absence des humains.
Ilona Huss Walin (Suède)
What if I was a rat? (2002) - 7 min. 48 sec., sous-titres anglais
Le film en temps réel What if I was a rat? est une performance diffusée en direct depuis le studio de la nonTVTVstation, entre le 7 octobre et le 10 novembre 2002. Pour cette performance, Huss Walin a construit une maison humaine à l’échelle des rats, dans laquelle quatre rats ont séjourné pendant cinq semaines. L’artiste a documenté leur vie dans cet appartement à l’aide de huit caméras présentant des angles de vue différents. Durant ces cinq semaines, la nonTVTVstation a accueilli cette habitation et a diffusé ces images en direct sur Internet et dans différents musées d'art en Scandinavie, notamment le Kiasma d’Helsinki et le Moderna Museet de Stockholm. Le film diffusé en temps réel alternait continuellement entre les huit angles des caméras braquées sur cet « appartement » pour rats.
Joanna Rytel (Suède)
Monkey Performance (2002) - 2 min. 30 sec., sous-titres anglais
J'ai vu à la télé des singes de laboratoire qui avaient l'air de s’ennuyer profondément. Ils avaient l'air malade, triste et confus tout à la fois. Ce sont pourtant des créatures vraiment brillantes. Quelle injustice. « Qu’on laisse les gens mourir de maladie à la place! Cessons de faire souffrir ces créatures pour nous. » « Et si c'était votre enfant? a demandé quelqu'un. Ne voudriez-vous pas les meilleurs médicaments possibles pour sauver sa vie, quitte à devoir expérimenter sur des animaux? » « Certainement pas », ai-je répondu. Celui qui m’avait demandé ça avait des enfants, moi pas. Et puis je n'ai jamais été autorisée à entrer dans un centre de recherche. « Ces singes ont le sida. Que se passerait-il si vous receviez un fluide dans l’œil et que vous deveniez infectée? » « Je vois. Y a-t-il autre chose que l'on puisse faire pour les animaux, alors? » J'ai fait Animal Performance. Mais c'est devenu quelque chose de complètement différent. Dans mes performances animales, on me voit danser devant des moutons, des chèvres, des chevaux, des vaches et me déshabiller devant des singes. Le spectateur devient un voyeur, regardant les animaux qui me regardent. Les spectateurs sont privés de leur rôle passif. Qui regarde qui et pourquoi? Qui a le pouvoir sur le regard, le pouvoir sur la vision?
Frédéric Moffet (Canada)
The Magic Hedge (2016) - 9 min, anglais et espagnol avec sous-titres anglais
The Magic Hedge visite une réserve d'oiseaux située sur un ancien site de lancement de missiles datant de l’époque de la Guerre Froide situé sur la rive nord de Chicago. Le spectateur, en se promenant et en observant, découvre le prétendu secret du parc : des hommes cherchent de brefs moments de contact sexuel entre les arbres et les buissons. La vidéo met en évidence les nombreuses contradictions d'un site autrefois consacré à la surveillance militaire et maintenant conçu pour préserver et réguler la vie des « animaux sauvages ».
Lova Hamilton (Suède)
The Kiss (1994) - 2 min., sous-titres anglais
L'artiste échange un baiser avec un coq, dans l'une des nombreuses œuvres vidéo de Lova Hamilton des années 1990 explorant le genre, le poids des symboles, le regard masculin et la sensualité.
Rachel Echenberg (Canada)
Blanket: Pigeons (2004) - 3 min. 20 sec., sans dialogue
Tourné en août 2003 au parc Norman-Bethune, à Montréal. Une femme, vue selon deux perspectives, est étendue, immobile sur le gazon. Des pigeons bougent autour et grimpent sur elle pour manger les graines qui recouvrent son corps. La première perspective est extérieure et montre le corps vu d'en haut, alors que la seconde est un plan très serré des pigeons cadrés au niveau du sol. Les deux angles sont alors juxtaposés de manière à ce que le spectateur soit poussé à l’extérieur, et tiré à l’intérieur des images vidéo.
Hillside Projects (Suède)
Searching for the European Roller (2017) - 16 min. 36 sec., sous-titres anglais
Searching For The European Roller est une conférence/performance qui se manifeste sous de nombreuses formes différentes en fonction du contexte dans laquelle elle se déroule — des festivals d'art, des séminaires de recherche, des galeries, des universités, ou encore des réponses in situ dans des archives et des institutions.
Initié en 2015, le projet cartographie la vie, le déplacement et la disparition de l'oiseau bleu, le Rollier d'Europe. La conférence continue d'évoluer et expérimente des méthodes performatives et diverses adaptations du récit original. Plus récemment, elle n'inclut qu'un seul performeur au lieu des deux originaux.
Elisa Gleize (Suisse)
Mex and the animals (2020) - 8 min. 22 sec., français avec sous-titres anglais
Mex and the animals est un titre qui s’apparente à celui d’un livre pour enfant. Comment grandir sans animaux? Quel imaginaire construirons-nous autour d’eux, et à partir de quoi?
L’histoire est narrée par Mex, un personnage cyborg et mélancolique en errance dans un espace virtuel parmi les diverses représentations d’animaux qui s’y trouvent. Ces créatures ne sont plus que des reconstitutions virtuelles grossières de celles qui ont disparu depuis longtemps, visiblement encore dominées et chosifiées.
La quête de Mex soulève un discours anthropologique à travers une fiction dont la temporalité demeure inconnue. Elle s’inscrit dans un imaginaire commun d’une écoanxiété et tend à imager un statut “postanimal“ à travers le parcours d’un être nostalgique de ces corps absents.
Marte Aas
Marte Aas, née en 1966 en Norvège, est une photographe et réalisatrice établie à Oslo (Norvège). Elle s’intéresse principalement à l’intersection de l’histoire, de la technologie, du paysage et de la culture contemporaine des images. Son travail explore les structures et les gestes impliqués dans la formation de différents récits politiques et idéologiques. Ces sujets d’intérêt se manifestent dans son œuvre dans des récits non linéaires et stratifiés qui prennent la forme de films, de photographies et d'installations.
Ses œuvres ont souvent pour point de départ une histoire issue du monde contemporain ou historique, laquelle est abordée à travers la recherche de différents formats et médias, bien qu'ancrée dans une pratique photographique. Les aspects matériels de la photographie, sa fonction de représentation et le lien entre le signe et le signifiant sont donc des éléments que son art aborde et étudie.
Aas a fait ses études à l'École de photographie de l'Université de Göteborg et à l'Académie nationale des beaux-arts d'Oslo. Ses films et ses œuvres d'art ont été présentés dans des festivals de films et dans des centres d’exposition tels que le Film Society of Lincoln Center et l’Anthology Film Archive de New York, l’European Media Art Festival (Osnabrück), le Musée national des arts d’Oslo, le Henie Onstad Kunstsenter et le Kunstnernes Hus d’Oslo, le Kiasma d’Helsinki et le Fotografisk Center de Copenhague.
Ilona Huss Walin
Artiste suédoise née en 1967 et établie à Göteborg (Suède), Ilona Huss Walin a étudié à l'Académie des beaux-arts de Bergen et de Göteborg ainsi qu’à la Gerlesborgsskolan de Stockholm. Son art s’est orienté progressivement vers la vidéo conceptuelle, repensant le jeu d’acteurs et l'installation à travers des méthodes de conception novatrices. Les œuvres d’Huss Walin cherchent à ouvrir des pistes de réflexion et d’interprétation nouvelles pour permettre à l'observateur de découvrir l'inattendu. Son travail explore les possibilités de la vidéo en tant que médium agissant en tant que phénomène opérant des mouvements dans la pièce, faisant partie d’installations spatiales ou combinant des éléments de langage avec des situations scénographiées.
Joanna Rytel
Née en 1974, Joanna Rytel vit et travaille à Stockholm, en Suède. Elle est diplômée de la University College of Arts, Crafts and Design de Stockholm depuis 2004. Elle a développé une œuvre complexe centrée sur les questions sensibles de notre temps en matière de genre, de pouvoir et d'identité. Elle aborde ces questions avec une grande intégrité et n’hésite pas à mettre en jeu la sphère du personnel afin de rendre son discours accessible à un public non spécialisé. Le contenu controversé de ses sujets ne signifie pas pour autant que Rytel les aborde dans un esprit politiquement correct. Loin de là, elle rejette ce ton et vise plutôt à priver les téléspectateurs de leur rôle passif, cherchant à amplifier leur réaction et à les inciter à prendre part au débat.
Frédéric Moffet
Frédéric Moffet est un artiste multidisciplinaire, un professeur, un monteur vidéo et un travailleur culturel. Il vit entre Montréal et Chicago. Son œuvre, maintes fois récompensée, explore le territoire insaisissable qui sépare l'histoire, l'expérience vécue et le fantasme. Ses bandes vidéo les plus récentes sont Hard Fat (2002), Jean Genet in Chicago (2006), Postface (2011) et, bientôt, The Faithful. Son travail a été diffusé dans divers festivals, universités et galeries à travers le monde, notamment Rotterdam Film Festival, Whitechapel Art Gallery (London), Walker Art Center (Minneapolis), Museum of Contemporary Art (Chicago), PPOW Gallery (New York), Biennial of Moving Images (Geneva), Pleasure Dome (Toronto), Other Cinema (San Francisco), Kassel Documentary Film Festival, Microwave (Hong Kong) et Taipei Golden Horse Film Festival.
Lova Hamilton
Née en 1968 à Stockholm, en Suède, Lova Hamilton a été formée au Collège royal des beaux-arts de Stockholm. Établie en Suède, elle travaille avec une variété de médias mixtes.
Rachel Echenberg
Rachel Echenberg (Montréal, Québec) est une artiste visuelle travaillant surtout en performance, en vidéo et en sculpture. Son intérêt soutenu pour les possibilités d’une empathie active a généré des œuvres qui mettent l’accent sur les rapports vulnérables, intimes et incontrôlables. Depuis 1992, le travail de Rachel Echenberg a été exposé, performé et visionné à travers le Canada de même qu’à l’international, soit en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, au Chili, aux États-Unis, en France, en Irlande du Nord, en Israël, en Italie, au Japon, au Liban, au Maroc, en Pologne, au Portugal, en République tchèque et en Suisse. Echenberg détient un baccalauréat en arts visuels du Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD) à Halifax, Canada (1993) et une maitrise en performance visuelle, du Dartington College of Arts en Grande-Bretagne (2004). Rachel Echenberg enseigne au Département des arts plastiques à Collège Dawson, Montréal.
Hillside Projects
Hillside Projects est un collectif de recherche et de création formé en 2011 par Emily Mennerdahl et Jonas Böttern et basé à Stockholm. Hillside Projects travaille de manière interdisciplinaire, en essayant toujours de déconstruire et de réexaminer les faits et les connaissances en mettant l'accent sur la dualité nature/culture. Le collectif réfléchit aux méthodes de collecte, d'organisation, de comparaison et de présentation de l'information et de la recherche. Les stratégies performatives, la narration, la collaboration et la recherche artistique sont des éléments importants de leur pratique commune. Leurs projets prennent la forme de dessins, de photographies, de performances, de conférences, d'installations et de vidéos. Hillside Projects maintient un dialogue avec des penseurs et professionnels de divers domaines. Hillside Projects est membre de galleri ID: I à Stockholm. « Qui décide de ce qu'il faut dire? Et de comment il faut le dire? »
Elisa Gleize
Elisa Gleize est une artiste originaire de Suisse née en 1995. Elle est d’abord formée en tant que graphiste avant d’être diplômée en Arts Visuels de la Haute École d’Art et Design de Genève en 2019, où elle se spécialise dans la vidéo de fiction-documentaire.
Gleize termine présentement un DESS en Arts, création et technologies à l’Université de Montréal. Ses médiums sont l’écriture, l’installation, la vidéo et l’appropriation de plateformes virtuelles et de jeux vidéo. Le corps, les concepts biotechnologiques, l’identité humaine et animale et son devenir ainsi que ses représentations dans la sphère cybernétique sont ses principales thématiques. Elle sonde notamment cette idée de « zone grise » permise par ces espaces qui invitent à activer une pensée au-delà des normes. Plus récemment, elle se penche sur les « cybersexualités » ou au processus visant à rendre certains groupes invisibles, équipés de leurs caméras ou de leurs ordinateurs. Gleize articule le plus souvent ses sujets à travers des récits info-fictifs qui proposent un futur teinté d’enjeux actuels, sur fond sensible et parfois sarcastique.
Projection en ligne
Conversation Between Collections
Traces et territoires
Le 22 avril 2021 à 19 h
Diffusion en direct sur Facebook et YouTube
Dazibao remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, Programme Exploration et déploiement numérique, dont le soutien rend possible la diffusion en ligne de cet évènement.
Dazibao remercie les artistes, Vidéographe et Filmform de leur généreuse collaboration ainsi que son comité de programmation consultatif pour son soutien.
Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.
Dazibao reconnait être situé en territoire non-cédé de la nation Kanien'kehá: ka et que Tiohtiá:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations et, aujourd'hui, une population autochtone diversifiée ainsi que d’autres peuples.