salle d'exposition + salle de projection
 

Ana Vaz

Du 2 septembre au 23 octobre 2021

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Sont réunis dans ce programme cinq films d'Ana Vaz qui explorent comment s’entrecroisent héritages coloniaux et crise écologique, par des biais ethnographiques et spéculatifs, en usant de perspectives humaines, ou non. La dégradation de l'environnement dévaste de manière disproportionnée des communautés à l’échelle planétaire, incitant à une réflexion sur la façon dont certaines forces politiques et coloniales persistantes nourrissent cette catastrophe. Vaz interroge les récits produits à ce sujet à l'aide d'images trouvées et de ses propres images, accordant toujours à la caméra un rôle actif dans la narration qui se forme. Au fil de son histoire, la caméra a été utilisée comme une arme invisible. Vaz, pour sa part, lui attribue la présence d’un protagoniste dont les mouvements dramatiques, souvent vertigineux, témoignent de son rôle singulier dans le récit qu'elle capture.

Incorporant à sa cinématographie des éléments mythiques, Vaz mène une réflexion anthropologique sur ce moment-ci de l'histoire, référant à l'Anthropocène. L'œuvre de Vaz évoque un sentiment d'urgence, incite à prendre acte, pour qu’il y ait un avenir à imaginer.


Programme (salle de projection)

Le programme débute à l’heure

Occidente (2014) - 15 min. 15 sec.

En quête de ce que seraient les «originaux» de notre histoire coloniale pendant le tournage de ce film à Lisbonne, Vaz n’a trouvé que des copies. Elle réunit ici une écologie de signes qui parlent d’une histoire coloniale qui se répète où les subalternes deviennent maitres, l’iconographie des porcelaines chinoises annonce les hybrides à venir, les oiseaux exotiques sont des monnaies de luxe, l’exploration un sport extrême et les monuments des géodonnées. «Ouro novo» se lit «new money». Comme un poème sans trêve, comme un souffle sans respiration, Occidente propose des allers-retours d'est en ouest, marqués par des cycles de croissance mettant en relief des relations de pouvoir et de classe où tous cherchent une place à table.

Amérika : Bay of Arrows (2016) - 9 min. 29 sec.

On dit qu’en 1492, la première caravelle européenne menée par Christophe Colomb est débarquée sur la côte de Samaná, aujourd’hui la République Dominicaine. Le bateau est accueilli par une pluie de flèches lancées par les Tainos, peuple indigène des Antilles. Aujourd’hui, le lac Enriquillo, qui doit son nom au chef des Tainos, est le témoin de profondes altérations écosystémiques, entrainant des évacuations forcées, des migrations d’espèces et un désert de corail qui en révèle le passé géologique. Utilisant la caméra même comme une flèche, Amérika: Bay of Arrows cherche diverses façons d'animer, d'éveiller, d'actualiser ce geste de manière vibrante.

Un film, réclamé (2015) - 19 min. 36 sec.

La crise écologique est à la fois une crise politique, économique et sociale. Elle est aussi cinématographique puisque l’arrivée du cinéma coïncide, historiquement, de manière critique et technologique, avec le développement de l'Anthropocène. Un film, réclamé est une conversation, un essai, qui propose une lecture de la crise environnementale planétaire par le biais du cinéma, avec l'aide de ces films, beaux et terribles, qui l'ont accompagnée.

Pseudosphynx (2020) - 8 min. 3 sec.

Pseudosphinx est le nom scientifique de chenilles, dites de feu, sur le point de se transformer en papillons. On les nomme communément (et sans mauvais présage) : les sorcières. Ces sorcières-papillons sont associées à plusieurs mythes. L'un d’eux raconte que pendant l'Inquisition au Moyen Âge, on croyait que les sorcières mutaient en papillons, selon une théorie de l’évolution - réelle ou imaginée - fondée sur le transformisme. Une autre légende, datant d’avant l’arrivée de Christophe Colomb, raconte que le papillon de nuit nommé Ascalapha odorata est redouté dans toute l'Amérique car sa présence est associée à la mort. Alors que pour les peuples Guajiros de Colombie, le papillon blanc symbolise l'esprit d'un ancêtre rendant visite aux vivants. Le pseudosphinx est donc à la fois sphinx, sorte de monstre inhumain à l’énigme menaçante, et pseudo - comme dans artificiel - trompeur, irréel et illusoire. Pseudosphynx préserve son sens voilé, comme un secret gardé par ceux qui retiennent sur leur rétine l'impression haptique de son combat.

Œuvre en galerie

Atomic Garden (2018) - 7 min. 34 sec.

Atomic Garden est une réflexion stroboscopique sur la transmutation, la survie et la résilience de myriades de formes de vie face à la toxicité. Explosant et élargissant le passé, le futur et le présent, le film en appel à l'anarchie de l'explosion comme mouvement de protestation et de renouvellement de la vie sous ses multiples formes.

Atomic Garden a été filmé dans le jardin d'une femme âgée, Aoki Sadako, à Naraha au Japon. Plusieurs années auparavant, la ville avait dû être évacuée pour une période de cinq ans afin d'être décontaminée après un tsunami transformé en catastrophe toxique. Lorsqu'elle a pu revenir, Aoki s'est rendue chaque semaine dans son jardin, mis en quarantaine, pour y entretenir les fleurs. Malgré l'incertitude liée à la menace des niveaux de radiation, de nombreuses personnes âgées sont ainsi retournées sur leurs terres afin, entre autres, d'être proches de leurs ancêtres. Bien que la vie soit revenue à une certaine forme de normalité, les radiations ont laissé une étrange incertitude à Naraha, une sorte de méfiance envers ce que nos sens ne peuvent percevoir.


Née au Brésil, Ana Vaz est une artiste et une cinéaste dont le travail explore les relations complexes entre environnement, territoires et histoires, en repoussant les limites de la perception. Vaz est diplômée du Royal Melbourne Institute of Technology et du Fresnoy - Studio national des arts contemporains. Ses films ont été présentés à l’international dans des festivals et institutions tels que la Tate Modern, le Palais de Tokyo, le Jeu de Paume, LUX Moving Image, le New York Film Festival, le TIFF - Wavelengths, le British Film Institute, Cinéma du Réel, Tabakalera et Courtisane, entre autres. En 2015, elle a obtenu le grand prix de la compétition internationale à la fois au Media City Film Festival et au Fronteira International Documentary and Experimental Film Festival pour son film Occidente. Elle est la lauréate 2015 du Kazuko Trust Award décerné par la Film Society of Lincoln Center en reconnaissance de l'excellence artistique et de l'innovation de son travail sur l'image en mouvement, et a été boursière (non-fiction) 2020 du Sundance Film Institute.

Les synopsis des films d’Ana Vaz présentés ici sont librement adaptés des textes fournis par l’artiste.


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Autre exposition

Geneviève Chevalier

Du 2 septembre au 23 octobre 2021


 

Dazibao remercie l'artiste de sa généreuse collaboration ainsi que son comité consultatif (Velibor Božović, Miryam Charles, Ali El-Darsa) pour son soutien. Un remerciement tout particulier à Michaela Grill qui nous a fait découvrir ce travail.

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