Kim Kölle Valentine
READING PATTERNS
Du 6 septembre au 14 octobre 2017
Vernissage le 8 septembre dès 17 h
Avec READING PATTERNS, l’artiste montréalaise Kim Kölle Valentine présente trois œuvres qui explorent comment l’intériorité propre à un individu, et implicitement toute sa subjectivité, rencontre le monde extérieur. Pour y arriver l’artiste se fait collectionneuse des reliquats du quotidien, d’images qui ponctuent son environnement et, comme elle le dit si bien, se collige une réserve d’événements humains. Cette archive personnelle qui défie toute temporalité, soigne avec délicatesse son anachronisme pour qu’en émerge une forme narrative invitant le spectateur à s’insinuer à même l’histoire, à même ce qui lui est raconté. Souvent soumises simultanément au spectateur, parfois enchainées très rapidement, les images amassées par l’artiste guident le spectateur dans ses questionnements sur son rapport à autrui, à soi ainsi qu’à la notion d’individualité. Quoique le travail de Kölle Valentine semble a priori reposer sur la compréhension de l’autre dans l’analyse et la répétition de ses gestes, c’est tout le processus de la construction de soi par l’analyse des autres qu’il révèle. En multipliant les niveaux de lecture, les répétitions, les analogies et les intersections visuelles ou de sens, l’œuvre de Kölle Valentine en appel à la recherche d’un motif commun.
Ainsi, dans une approche à première vue intimiste, l’artiste aborde des enjeux sociaux sensibles en questionnant les implications philosophiques et psychologiques, voire politiques, de l’archive personnelle. Dans l’acte même de collectionner se manifeste le potentiel de développer une réflexion critique sur l’identité culturelle, puisque chaque choix — toute omission aussi — ouvre sur de nouveaux récits et permet de revisiter l’histoire.
Dans READING PATTERNS TOGETHER, deux inconnues se croisent autour d’un mystérieux colis et tentent d’élucider quels liens les unissent. Les protagonistes évoluent dans un espace indéfini où sont colligées des images trouvées (found footage) et de nouvelles images qui parfois ressemblent à des reconstitutions ou à des performances pour la caméra. Cet univers équivoque, en démultipliant les points de vue et en interchangeant les rôles, propose une comparaison entre l’expérience toute individuelle — intérieure — de la lecture et celle tournée vers l’extérieur du cinéma. Par une sorte d’ubiquité de la présence féminine au cinéma et en brouillant les pistes à savoir qui regarde qui, c’est aussi la définition de soi qui est mise en parallèle avec l’adulation de l’autre. Se côtoient dans cette œuvre collage, des images d’actrices féminines aussi réalisatrices comme Barbara Loden qui tourna Wanda en 1970 ou Juliet Berto, actrice fétiche de Jean-Luc Godard et Jacques Rivette, qui réalisa aussi quelques films, dont Neige en 1980.
TO READ IN A BLACK ROOM et THIRD READING s’inscrivent dans le prolongement de READING PATTERNS TOGETHER. Les doigts vernis de Barbara Loden dans Wanda (1970), l’utilisation de bonbons comme transition dans Céline et Julie vont en bateau (1974) et les diamants comme dispositif de transformation dans Duelle (1976), tous les deux de Jacques Rivette, constituent une enfilade de symboles témoignant d’une présence féminine nécessaire au développement de la narration. Pourtant, ce n’est que dans l’interstice, dans l’espace parallèle très subjectif qu’ils appellent, que se développe l’œuvre, comme s’il s’agissait de performer l’acte de regarder, de tester l’acte de créer. De fait, dans THIRD READING, il semble même que la quête de cette énigmatique figure féminine glisse vers la création d’un alter ego qui pourrait s’avérer une métaphore puissante du processus créatif même.
F.C.
PROGRAMME
(débute à l’heure et à la demi-heure)
READING PATTERNS TOGETHER (2016) — 8 min. 53 sec.
TO READ IN A BLACK ROOM (2017) — 7 min. 50 sec.
THIRD READING (2017) — 11 min. 41 sec.
Kim Kölle Valentine a complété une maitrise en beaux-arts au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres en 2010, précédée d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia en 2007. Reconnue pour ses œuvres vidéo et ses œuvres dessinées qui prennent souvent la forme de livres, son travail a été diffusé dans de nombreux festivals sur la scène internationale. Récemment, VOX (Montréal, 2015) et Sporobole (Sherbrooke, 2017) lui consacraient une exposition individuelle. Elle remportait en 2013 le Prix Charles Patcher (artiste émergente) de la Fondation Hnatyshyn, et était de l’exposition New Contemporaries: In the Presence, présentée au S1 Artspace and Site Gallery (Sheffield) et au Institute of Contemporary Arts de Londres en 2011.
READING PATTERNS a d’abord été présenté dans l’itération londonienne de Pont/Bridge, un partenariat en continu entre LUX et Dazibao soutenu par le British Council au Canada et le Gouvernement du Québec dans le cadre de la Coopération culturelle Québec-British Council.
Médiation
Ceci n'est pas une conférence # 5
Le 14 octobre 2017 de 11 h à midi
Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.