Moving narratives : Images de Palestine
Alaa Abu Asad, Kamal Aljafari, Razan AlSalah et Muhammad Nour El-Khairy
Du 11 novembre 2021 au 15 janvier 2022
En mai 2021, les forces de sécurité israéliennes ont attaqué des Palestiniens qui manifestaient dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem, contre des menaces d'expulsion leur imposant de céder place à des colonies illégales. La vie des Palestiniens sous occupation a fait, pendant cette période, l'objet d’une attention accrue de la part des médias et d'une nouvelle prise de conscience à l’échelle mondiale.
Les artistes offrent un regard plus personnel sur le conflit en Palestine depuis ses débuts, révélant des récits auxquels les médias n'ont pas toujours accès. Avec l’idée d’élargir la conversation, Dazibao présente quatre artistes d'origine palestinienne, Alaa Abu Asad, Kamal Aljafari, Razan AlSalah et Muhammad Nour El-Khairy, dont les films s'engagent dans le discours sur le conflit. Les œuvres explorent les thèmes du déplacement, du colonialisme, de l'accès et de l'appartenance, et, réunis, soulèvent la question suivante : À une époque où les technologies permettent une diffusion instantanée de l'information, quel est l'impact de ces images qui voyagent plus librement que les individus?
Kamal Aljafari
It’s a long way from amphioxus (2019) — 16 min. 17 sec.
Dans un morne centre d’immigration de Berlin, des familles demandant l’asile attendent dans des pièces à peine éclairées, marmonnant et trainant dans les couloirs. Sobrement, le film d’Aljafari nous fait pénétrer dans un monde bureaucratique hors temps, où l'identité des individus est réduite à un numéro et à un corps occupant un espace sans vie. Avec un seul moment de dialogue, bref mais puissant, It's a long way from amphioxus est désorientant et invite à partager l'inquiétante tension silencieuse de l'entre-deux, inhérente à ceux en quête d'asile.
Kamal Aljafari est un artiste palestinien établi à Berlin dont les films se penchent sur ses origines en transgressant les limites entre le documentaire et la fiction. Son travail a été présenté à l'international dans des festivals de cinéma tels que la Berlinale, Visions du Réel (Nyon), Images Festival (Toronto), Ajyal Film Festival (Doha) et la Viennale. Il a enseigné le cinéma à la New School (New York) et a été directeur de programme à l'Académie allemande du cinéma et de la télévision à Berlin de 2011 à 2013. Aljafari a participé au Robert Flaherty Film Seminar (New York) et a été boursier du Radcliffe Institute and Film Study de l'université de Harvard (Boston). Il a étudié à l'Académie des arts médiatiques de Cologne, où il a reçu le prix Friedrich-Vordemberge pour les arts visuels de la ville de Cologne en 2004.
Razan AlSalah
Your father was born 100 years old, and so was the Nakba (2017) — 7 min.
Une grand-mère palestinienne visite sa ville natale, Haïfa, par la seule voie encore possible : Google Street View. Dans Your father was born 100 years old, and so was the Nakba, AlSalah réimagine l'usage de Google Street View en faisant de la visite de la grand-mère dans les rues de Haïfa une résurgence de la mémoire, hantée d'apparitions numériques. Les images des rues de la ville et les visages flous offrent à la fois un sentiment de familiarité et d’inaccessibilité. La grand-mère remarque avec nostalgie ce qu'elle reconnait et ce qui a changé, le mouvement saccadé parcourant les rues pixélisées souligne à quel point la réalité de sa vie à Haïfa est lointaine. Dans Your father was born 100 years old, and so was the Nakba, AlSalah présente le récit émouvant d'une terre colonisée, numérisée et brisée.
Établie à Montréal, Razan AlSalah est une artiste palestinienne interdisciplinaire dont le travail s'intéresse à l'investigation de l'esthétique matérielle de la dis/apparition des lieux et des personnes dans le contexte des images coloniales. En 2020, elle a reçu une bourse du Fonds arabe pour les arts et la culture (AFAC) et une bourse du Sundance New Frontier Story Lab. Elle a également reçu la Knight Foundation New Frontier Fellowship à Sundance, le Latham Award for an Emerging Experimental Video Artist au Ann Arbor Film Festival et le Sunbird Award for Best Narrative Short aux Cinema Days Palestine. Son travail a été présenté à l’international dans des festivals et des galeries tels que les Rencontres internationales du documentaire de Montréal, Hot Docs Festival (Toronto), Yebisu, Melbourne, Glasgow et Beyrouth International, Sharjah Film Forum, Boston Museum of Fine Arts et Sursock Museum. AlSalah enseigne actuellement à l'Université Concordia (Montréal).
Alaa Abu Asad
Wild Plants of Palestine (2018) — 10 min.
Dans Wild Plants of Palestine, Abu Asad propose un essai photographique qui retrace des voyages d'observation documentant la flore palestinienne, effectués par deux professeurs de l'université de Birzeit à la demande du Musée palestinien. Les voyages se sont déroulés sur les terres postcoloniales de la Cisjordanie, cernées par des champs se déversant sur les collines. Tout en documentant la flore, Abu Asad s’interroge sur ce que signifie le terme « palestinien » sur le plan territorial, compte tenu de l'histoire coloniale de la terre. S’ajoute à sa réflexion le rôle de la photographie, son potentiel et ses limites de représentation. Par ses propres images aux gammes de gris envoutantes ainsi que celles issues d'archives de la Palestine du début du 20e siècle, Abu Asad livre une réflexion unique sur la photographie et l'identité de sa Palestine natale.
Alaa Abu Asad est un artiste, chercheur et photographe établi aux Pays-Bas. Comme le décrit l'artiste, son travail se concentre sur le développement de trajectoires alternatives où se croisent les notions de représentation, de traduction, d'observation, de lecture et de compréhension. Abu Asad a effectué plusieurs résidences internationales, dont les plus récentes au C. Rockefeller Centre for Contemporary Arts (Dresde) et à la Jan Van Eyck Academy (Maastricht). Son travail a été présenté, entre autres, à Alfilm — le festival du film arabe de Berlin ; au 5e festival vidéo du Caire; à All the Other Lovers, 98 Weeks/Project Space (Liban) ; au Noorderlicht International Photo Festival (Pays-Bas). Abu Asad a obtenu un baccalauréat en beaux-arts du département de photographie de l'Académie Bezalel des arts et du design à Jérusalem, et une maitrise de l'Institut néerlandais des arts (DAI).
Muhammad Nour El-Khairy
In Regards to Diaspora (2021) — 8 min. 30 sec.
In Regards to Diaspora est une installation vidéo à trois écrans qui explore le parcours migratoire de l'artiste, d’Amman (Jordanie) à Montréal (Canada). Présenté comme un triptyque — P is for Palestine, I would like to visit, As A (aka Cold) — forment un récit non linéaire, happé par d’angoissants allers-retours entre Amman et Montréal. P is for Palestine montre un homme non identifié à Amman qui répète des mots anglais difficiles et politiquement chargés alors qu'il attend dans une « green room » inconnue. Ces mots, décontextualisés, comprennent tous la lettre P — une lettre qui n'existe pas dans la langue arabe. I would like to visit présente un texte en cours de saisie sur un logiciel de traitement de texte qui, à travers le processus d'édition, traduit la complexité du simple désir de voyage pour une personne palestinienne. As A (aka Cold) est une méditation sur la commodification de l'identité à travers la forme du film documentaire et de ses effets sur le corps racisé.
Muhammad Nour El-Khairy est un cinéaste palestinien originaire de Jordanie, établi à Montréal. Dans son travail il s'intéresse à la façon dont le pouvoir colonial, économique et politique se manifeste dans la vie des individus, et au rôle que jouent les images en mouvement dans ces relations de pouvoir, à travers des œuvres expérimentales de fiction et de non-fiction. Ses films ont été projetés dans plusieurs festivals internationaux et galeries d'art, dont le Berwick Film & Media Arts Festival, le Kaunas International Film Festival, le Toronto Palestine Film Festival et la Leonard & Bina Ellen Gallery. El-Khairy est titulaire d'un MFA en Studio Arts : Production cinématographique à l'Université Concordia, et a remporté le prix Peter Lenkov pour l'écriture de scénario en 2018.
Dazibao tient à remercier Marie Saadeh - soutenue par le McGill Faculty of Arts Internship Award (2021) — pour sa contribution au développement de ce projet.
Dazibao remercie Alaa Abu Asad de sa généreuse contribution à la version en arabe des textes d’exposition ainsi que Fadi Saadeh d’en avoir fait une révision soignée.
Session
Session 28
Imaginer un futur : Images et mots contemporains de Palestine
On November 25, 2021 at 6 pm
Premiere on Facebook
Autre exposition
Zinnia Naqvi
Du 11 novembre 2021 au 15 janvier 2022
Résidence de production-diffusion en collaboration avec PRIM
Dazibao remercie les artistes de leur généreuse collaboration ainsi que son comité consultatif pour son soutien.
Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.
Dazibao reconnait être situé en territoire non-cédé de la nation Kanien'kehá: ka et que Tiohtià:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations et, aujourd'hui, une population autochtone diversifiée ainsi que d’autres peuples.