“Inspiré par des évènements dans le monde des arts martiaux mixtes, If it Bleeds ne peut pas — ou ne veut pas — faire la différence entre un vrai combat et un faux combat. Bon acteur ou mauvais menteur? Showman ou sportif? Saigner, transpirer, échouer, pleurer peut-être, nier et/ou témoigner, gagner ou apprendre, faire semblant, prier — donnez-moi du bluff avec ça — c’est juste un autre corps qui mûrit, sous les projecteurs, soutenu par la fiction que tout arrive ‘pour une raison’. Parfait? Non. Invaincu? Oui! ”
— Isabelle Pauwels
Bien que la narration de If it Bleeds s’articule autour d’un groupe de combattants qui s’affrontent, c’est sur le spectacle qui entoure les évènements d’arts martiaux mixtes que s’arrête vraiment Pauwels. En mettant l’accent sur l'annonce des combats, les tournées promotionnelles, les conférences de presse d'après combat et les audiences disciplinaires, l’artiste souligne l’ironie d’un monde qui crée sa propre rhétorique pour se valider, énoncer sa vérité. Essentiellement, l’œuvre explore la représentation tant grotesque que sublimée des interactions humaines. Ce qui n’est pas sans trouver écho dans la culture ambiante actuelle où l’authenticité se crée dans et par l’artifice.
Quoique les acteurs incarnent leurs personnages de manière crédible, la structure du montage les force à s'immiscer dans les scènes des autres et à se substituer les uns aux autres dans une succession rapide qui défie toute logique syntaxique et met en pièce le fonctionnement référentiel du langage. Comme le font également les décors non réalistes, très fragmentaires, et pourtant génériques. Dans la dérision, les mots ne désignent plus rien que le dysfonctionnement, la disparition des objets, des décors, des corps, voire la vacuité de toute tentative de représenter le monde.
Pauwels dit de sa pratique qu’elle explore notre investissement commun dans le monde comme une compilation de représentations, de conventions narratives et de clichés. Que nous nous engageons dans ce monde à la fois en tant que spectateurs et en tant que performeurs, souvent simultanément.
À l’invitation de Dazibao, Isabelle Pauwels a remanié substantiellement If it Bleeds afin d’en repousser les limites et de, en quelque sorte, transposer, voire exacerber, dans la physicalité de l’espace de la galerie les motifs et la structure de l’œuvre originale.
If It Bleeds (2018/2021) est une nouvelle version d’une œuvre vidéo à l’origine à canal unique (4K, 44 minutes) produite en 2018 et commissionnée par EMPAC-RPI (Experimental Media and Performing Arts Center at Rensselaer Polytechnic Institute, Troy, New York), soutenue financièrement par le Conseil des Arts du Canada et le British Columbia Arts Council