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Lara Kramer
In Blankets, Herds and Ghosts

28 avril 2021 au 15 mai 2023




Nouvelles œuvres sur les billboards publics situés sur les façades du Café Cherrier et du Marché Bonsecours.

La présente édition de Dazibao satellite résulte d’un partenariat spécial avec le MAI (Montréal, arts interculturels). In Blankets, Herds and Ghosts est une nouvelle œuvre de l'artiste multidisciplinaire et chorégraphe Lara Kramer.


«Il s'agit d'une pratique faite de labeur, d'amour et de mobilité. Une pratique qui travaille avec nos mains douces, nos mains dures, nos mains d'ancêtres. Une pratique de partage, dans la mesure où la filiation nous place en relation avec les voix passées, présentes et futures, les territoires, les uns et les autres, les souvenirs, les traditions, les histoires, les matériaux, les sons et les esprits. Cette pratique s’inscrit dans la durée mais offre une expérience de non-temps. Elle propose un rythme et une invitation à l'incarnation, un rapport à la prière, à la guérison, à la création, à la mémoire et à la réflexion sur le passé, le présent et l'avenir. Une pratique pour approfondir la connaissance intergénérationnelle qui vient de ma mère, de mes enfants, de ma famille et de mes proches, tous en dialogue les uns avec les autres.

Le processus et le soin apporté à la façon dont nous positionnons la couverture et les clochettes ensemble sont devenus le point d'ancrage de l'œuvre. Quelles traces laissons-nous et sur lesquelles les générations à venir pourront réfléchir? Comment continuons-nous à affirmer notre existence à travers le passage des générations, en maintenant avec soin notre pouvoir d'action? Que tissons-nous comme énergies, rêves invisibles et visibles, pour poser des fondations saines pour les générations futures?

À une époque où nous sommes confrontés à une pandémie, les matériaux de la Couverture de traite et les jingles ont refait surface intuitivement. Les Couvertures de traite ont une signification multidimensionnelle, elles sont utilisées lors des cérémonies et des échanges de biens, et servent aussi à réchauffer. Elles ont également servi à la propagation de la variole dans le but d'éradiquer les communautés indigènes de l'ile de la Tortue. La Robe à clochettes a été imaginée et créée à l'époque de la grippe espagnole, une période tumultueuse, porteuse de guérison, de sens et de connaissances en matière de traitement et de soins. Les sons et les textures des jingles offrent un paysage sonore unique qui diffère du son doux des couvertures. L'exploration du son des couvertures et des clochettes permet d'étendre davantage les voix, les rêves, les visions et les histoires.

En relation avec les éléments naturels et les dons de notre mère la terre, notre créateur permet à la voix de continuer à émerger. La performance photographique ouvre vers une mobilité et une croissance accrues. Les images ne sont pas statiques. Elles parlent et sont liées à une mémoire du sang. Ce qui reste à découvrir à travers l'expérience de la transformation, en relation avec la pratique et le processus du travail, est en perpétuelle évolution. Une création vivante qui respire.»

— Lara Kramer


Deux billboards, situés au Café Cherrier et au Marché Bonsecours, présentent des images de Lara Kramer enveloppée dans une Couverture de traite conçue et fabriquée en collaboration avec sa mère et artiste, Ida Baptiste. Les images ont été créées en collaboration avec le photographe Stefan Petersen. Les billboards sont accompagnés d'un podcast réunissant des conversations entre Lara Kramer, Ida Baptiste, ainsi que l'ainé anishinaabe Emerson Nanigishki’ing. À ces entretiens, s’ajoutent un texte de prière et un texte relatant l’histoire de la Couverture de traite et de la Robe à clochettes.


Lara Kramer est une performeuse, chorégraphe et artiste multidisciplinaire d'origine mixte oji-cree et coloniale, qui a grandi à London, Ontario. Elle vit et travaille à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal. Au cours des douze dernières années, son travail chorégraphique, ses recherches et son travail sur le terrain ont été fondés sur les relations intergénérationnelles, le savoir intergénérationnel et les impacts des pensionnats indiens au Canada. Ses créations sous forme de danse, de performance et d'installation ont été présentées partout au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Martinique, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Lara Kramer a été nommée Protectrice des droits de la personne par le Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal (2012) à la suite de la tournée nationale de son œuvre Fragments, une performance inspirée des histoires de sa mère et de son expérience en tant que survivante des pensionnats indiens au Canada. Elle a reçu de nombreux prix, reconnaissances et récompenses pour son travail en tant qu'artiste émergente et établie. Lara Kramer a participé à plusieurs résidences, notamment au Indian Residential School Museum of Canada à Portage la Prairie au Manitoba et est artiste en résidence à Dancemakers (2018 à 2021).

Originaire de Winnipeg, au Manitoba, Ida Baptiste est une artiste et une enseignante de langue ojibwa à la retraite qui vit à Rama, en Ontario. Elle est membre de la Première nation de Berens River (Manitoba), Traité 5, et vit actuellement dans la Première nation des Chippewas de Rama Mnjikaning en Ontario, Première nation des Traités Williams. Elle a fréquenté le Fanshawe College for Fine Arts ainsi que le programme Beal Art à London, en Ontario. En 2004, elle a obtenu un baccalauréat en études autochtones à l'Université Trent, puis a fréquenté le Kenjgewin Teg Educational Institute de la Première nation M'Chigeeng, Mniddo Mnising de l'ile Manitoulin, en Ontario.

Les premières œuvres d'art d'Ida Baptiste ont été largement exposées entre 1975 et le début des années 1990 en Ontario. Ses œuvres sont exposées dans toute l'ile de la Tortue et ont fait partie d'importantes expositions muséales. Sa pratique artistique se situe principalement dans l'art contemporain traditionnel, le perlage et la confection de regalia. Entre 2011 et 2019, Ida Baptiste a travaillé comme enseignante de la langue ojibwa à l'école primaire Mnjikaning Kendaaswin à Rama. Elle est une danseuse traditionnelle de pow-wow.

Emerson Nanigishki’ing est un ainé, gardien du savoir et porteur de la langue. Il est historien en matière de chants et de danses de pow-wow, et historien des Mnjikaning et des Chippewas de la communauté anishinaabe de la Première nation de Rama Mnjikaning, dont il est membre. Il a travaillé au Native Friendship Centre de Thunder Bay, Barrie et Toronto ainsi qu'à l'Union of Ontario Indian.

Emerson Nanigishki’ing est un ainé réputé de la Première nation Rama et un guérisseur de l'esprit anishinaabe. Il a été l'ainé désigné pour l'œuvre de Lara Kramer, Eating bones and Licking bread, dont la première a eu lieu en janvier 2020 à Toronto.

Stefan Petersen est un colon et un artiste multidisciplinaire, basé à Tiohtià:ke/Montréal, sur le territoire Mohawk non cédé.

S'estimant chanceux de faire partie de cette importante collaboration, Stefan Peterson a une pratique artistique centrée sur la création d'images numériques, ainsi qu'une implication de longue date, bien que sporadique, dans la performance, l'installation et le travail textile.

Actuellement, il explore les exemples contemporains de structures temporaires à la limite de l'espace public/privé et se demande si les abris mobiles peuvent fournir une occasion de reconceptualiser les normes eurocentriques de la propriété. Le travail de Petersen s'efforce de poser des questions sur le rôle des colons dans un contexte colonial tardif et sur leurs innombrables responsabilités en matière de soutien à l'inclusion et de lutte contre la privation de droits par les politiques coloniales en cours.

Il est un collaborateur régulier de Lara Kramer, notamment pour la performance/installation Phantom stills and Vibrations (2018).

Conception, design textile, scénographie, interprète | Lara Kramer

Artiste visuelle, design textile et réalisation | Ida Baptiste

Ainé et gardien du savoir anishinaabe | Emerson Nanigishki’ing

Photographe | Stefan Petersen

 

Ce projet est une présentation de Dazibao, en collaboration avec le MAI.


 
Dazibao remercie Lara Kramer, Ida Baptiste, Emerson Ninigishkang, Stefan Petersen, le MAI, le Café Cherrier (Alexandre et Jacques Boisseau) et le Marché Bonsecours (Claude Pronovost) pour leur précieuse collaboration ainsi que le Musée d’art urbain pour avoir fait don des billboards.

Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.

Dazibao reconnait être situé en territoire non-cédé de la nation Kanien'kehá: ka et que Tiohtià:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations et, aujourd'hui, une population autochtone diversifiée ainsi que d’autres peuples.