Basma al-Sharif
I want all this material burned
Du 6 septembre au 26 octobre 2024
La galerie ouvrira ses portes pour le vernissage le 6 septembre à 17 h
Cette première exposition solo à Montréal de l'artiste palestinienne Basma al-Sharif propose un programme réunissant trois courts métrages — Capital, A Field Guide to the Ferns et O, Persecuted — ainsi qu’un long métrage intitulé Ouroboros. En brouillant les limites entre l’espace domestique et la sphère politique, l’artiste examine la fragilité de nos environnements personnels, leur impermanence, malgré l’apparence structurée de nos environnements bâtis et l’imposition de structures organisationnelles dominantes. Dans le travail de al-Sharif, le mot frontière prend de multiples sens pour se tracer tant physiquement, géographiquement que dans l’affect. Dans ses récits où la vie personnelle des individus est insidieusement infiltrée par l’histoire officielle et le politique, l’artiste questionne la validité des images, de la représentation, et si celles-ci sont conditionnées par des idéologies imposées.
Le programme de courts métrages est présenté de midi à 15h30, suivi du long métrage Ouroboros qui débute à 15h30
Capital (2023)
Ce court métrage satirique explore les corrélations entre développement urbain, censure et fascisme. Dans son salon, une femme décroche le téléphone et est saluée par un charmant vendeur d'appartements. La formule réfère aux films italiens Telefoni Bianchi des années 1930 et 1940, qui annonçaient le cinéma de propagande de l'ère mussolinienne tout en séduisant le public pour l’écarter de toute critique sociale et le maintenir dans une forme d'apathie consumériste. À cette mise en scène se superpose de la documentation portant sur des projets urbanistiques et des complexes résidentiels de luxe, en Égypte et en Italie, deux lieux dont la géopolitique lointaine et récente est marquée par le fascisme et où de fastes façades sont érigées sur un passé de violentes négligences. Par le biais d’une marionnette, un ventriloque fait entendre sa voix dissidente qui autrement serait censurée par les régimes autoritaires.
A Field Guide to the Ferns [Guide de terrain pour les fougères] (2015)
Des images du film d'horreur Cannibal Holocaust (1980) de Ruggero Deodato sont reprises et incrustées dans des prises de vues inquiétantes tournées dans les forêts profondes du New Hampshire. Le film controversé de Deodato, dont plusieurs croyaient qu'il s’agissait de scènes réelles, porte ultimement sur le statut confus des images violentes, une ambigüité sur laquelle mise aussi al-Sharif. En mettant en parallèle des images médiatiques de frappes aériennes israéliennes sur Gaza datant de 2014, et en juxtaposant ces images à la publication récréative de 1956 intitulée A Field Guide to Ferns, l'artiste brouille les frontières entre la violence et l'apathie.
O, Persecuted [O, persécuté] (2014)
L'artiste entreprend de restaurer et de redonner vie au film Our Small Houses (1974) de Kassem Hawal, l'une des rares œuvres révolutionnaires encore existantes réalisées par Hawal, un groupe de cinéastes fondé au sein de l'Information centrale du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ces images surgissent du passé, commémorées par le corps et ses gestes, avant de se fondre brusquement dans des scènes contradictoires de fuite, comme si elles effaçaient le temps, le lieu et l'idéologie.
Ouroboros (2017)
S'ouvrant sur une vue aérienne de Gaza, à la fois en ruine et en reconstruction, ce premier long métrage d'al-Sharif traverse cinq paysages différents pour contempler la perte et l'oubli, trouver espoir dans le désespoir. Le retour en arrière — ou le retour à un début qui s’avère aussi une fin — devient un moyen d'aller de l'avant, que le changement et la reconstruction adviennent par et pour la communauté. Narré par le cinéaste Sky Hopinka en chinook, une langue autochtone ravivée du nord-ouest du Pacifique, le film évoque la lutte pour la libération et la souveraineté des peuples autochtones et palestiniens. Au-delà de la question de l’occupation territoriale, l'œuvre porte sur la manière dont le lieu lui-même occupe, sur la manière dont nous l’habitons et qu’il nous habite.
Basma al-Sharif (née en 1983) est une artiste palestinienne qui a développé sa pratique entre le Moyen-Orient, l'Europe et l'Amérique du Nord. Elle est actuellement établie à Berlin. Par le biais du cinéma et de l'installation, al-Sharif examine des conflits politiques récurrents, confrontant l'héritage du colonialisme à travers des œuvres satiriques, immersives et lyriques.
al-Sharif est titulaire d'une maitrise en beaux-arts de la University of Illinois Chicago (2007). Elle a été artiste en résidence à la Fondazione Antonio Ratti (Italie) et au Pavillon Neuflize OBC du Palais de Tokyo (France). En 2009, elle recevait le prix du jury à la Biennale de Sharjah, une bourse de la Fundación Botín en 2010 et de Mophradat's Consortium Commissions en 2018 et du programme de recherche artistique de Berlin en 2022-2023. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions internationales, notamment Manifesta 8 (Espagne), la Whitney Biennial (États-Unis), la Kochi-Muziris Biennale (Inde). Ses films ont été projetés dans des festivals de films à Locarno (Suisse), Berlin (Allemagne), Mar del Plata (Argentine), Milan (Italie), Londres (Royaume-Uni), Toronto et Montréal (Canada), New York (États-Unis) et Yamagata (Japon), entre autres. Elle a présenté des expositions individuelles au CCA Glasgow, au MOCA Toronto et au Art Institute of Chicago. Son exposition la plus récente, The Place Where I was Condemned to Live, est présentée à De Appel aux Pays-Bas à l’été 2024.
Autre exposition
Jinyoung Kim
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Du 6 septembre au 26 octobre 2024
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