Damir Očko
Du 11 février au 9 avril 2016
Vernissage le 11 février à 19 h
Profitez d’une visite de l’exposition en compagnie de l’artiste le 11 février entre 18 h et 19 h!
Tant au plan formel que des sujets traités, les œuvres de Damir Očko explorent la dislocation par le passage d’une langue à une autre, du son à l’image, du rythme du poème à celui du corps récitant et aussi, ultimement, par cette volonté d’incarner le politique. Ses œuvres vidéo juxtaposent musique, images et performances, dans des situations où le corps est confronté à ses limites – pathologies du langage, handicap, exploit physique. Očko fait coexister dans ses œuvres des choses en apparente rupture, instaurant un réseau complexe de liens à travers les distorsions, les failles, entre ce qui semble devoir s’exclure mutuellement. On ne peut pourtant s’empêcher de voir dans la violence latente de ses œuvres un reflet de l’état actuel du monde où sous une apparente tranquillité se cache une inquiétante instabilité. Dans une constante qui en soi pourrait être interprétée comme un geste à teneur politique, aucune des composantes des œuvres de Očko ne domine les autres, on entend/voit distinctement chacune des parties du tout.
L’exposition de Damir Očko a pour point de départ l’œuvre The Moon shall never take my Voice, dans laquelle une femme sourde « récite » en langue des signes trois textes successifs qui parlent du silence : le premier de Gustav Malher, le second de John Cage et le dernier librement inspiré de Neil Armstrong. Sa performance est ponctuée par une bande sonore qu’elle n’entend pas mais qui pourtant est parfaitement accordée à ses gestes. Suivent dans une sorte de chorégraphie d’exposition, trois autres œuvres qui se déploient successivement mais toujours en polarisant le son au centre de l’espace.
SPRING, une poésie, une partition musicale de même qu’une composition cinématographique, explore les notions d’oppression et de résistance. Une voix récite quatre poèmes se projetant sur un corps qui lui est de toute évidence étranger. Surgissent par moment des paysages impromptus, rythmés par différents effets sonores vocaux : silence, murmures ou langage. Inspiré d’un poème en huit temps, TK présente en parallèle un vieil homme souffrant de la maladie de Parkinson et un groupe de jeunes hommes dont la nudité est confrontée à un froid extrême. Dans une narration méticuleusement orchestrée, les pauses, les silences, la voix et les écrits, mènent à la représentation d’une certaine perte de contrôle. Dans We saw nothing but the uniform blue of the Sky, des scènes en noir et blanc relativement banales d’une plage s’opposent à des images insolites aux teintes chaudes qui dépeignent trois méthodes de signalisation : la lumière, la fumée et le son. Alors que les images défilent, un homme sévèrement affecté par un trouble du langage récite un poème avec une concentration surprenante.
Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Zagreb, Damir Očko (1977) vit et travaille en Croatie. Son travail est largement diffusé en Europe et a fait récemment l’objet d’expositions solo dont Studies on Shivering au Künstlerhaus, Halle für Kunst & Medien (KM–) et The Kingdom of Glottis au Palais de Tokyo. Il a été en résidence, entre autres, à l’Akademie Schloss Solitude (Stuttgart) et au Temple Bar Gallery + Studios (Dublin). Il représentait la Croatie à la Biennale de Venise 2015.
Cette exposition fait partie du parcours satellite du festival Art Souterrain.
Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.