Julie Tremble
Abiogenèse : des étoiles aux momies
Du 17 novembre 2022 au 21 janvier 2023
Vernissage le 17 novembre à 18 h
— Facebook
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Juxtaposant réalisme cinématographique et science-fiction, Julie Tremble propose un corpus fascinant d'images entièrement générées par ordinateur. Des représentations saturées, extrêmement détaillées, plus vraies que vraies, de paysages planétaires ou célestes qui scrutent la nature de la composition élémentaire et son rôle dans la création de toute matière — vivante ou non — dans l’univers. S’appuyant à la base sur des données scientifiques, l’artiste propose une réflexion philosophique sur la vie et le devenir du genre humain en explorant différentes perspectives qui en appellent tout autant à la raison qu’à une spéculative projection technologique. Un portrait vidéo de l’actrice Luce Guilbeault — figure iconique du cinéma québécois et du féminisme de la fin du XXe siècle, décédée prématurément à l’âge de 56 ans — dépeint celle-ci âgée des 127 ans qu’elle aurait aujourd’hui. Dans un monologue introspectif, l’actrice imaginée par Tremble, et ici merveilleusement interprétée par Sylvie Moreau, revisite sa vie et témoigne de moments significatifs de l’histoire des femmes, de ses questionnements quant à la représentation, en plus d’incarner un hypothétique avenir pour les humains. Un futur fait d’avancées scientifiques et technologiques qui forcent une redéfinition de nombre d’enjeux éthiques, politiques et sociaux.
Avec ce projet, Tremble propose une expérience virtuelle qui permet d’envisager un futur au-delà de la Terre, une sorte d’équivalence à la vie après la mort. Elle fait de l’espace sidéral un lieu pour créer des liens entre le microcosme et le macrocosme. En mettant en scène de manière synthétique l’apparition de la vie sur Terre, l’artiste questionne notre humanité, nos aspirations et nos quêtes. Sous des dehors futuristes, c’est notre présent que Tremble examine. Cette position précaire dans laquelle se trouve l’humanité où des décisions délicates, souvent irréversibles, sont à prendre quant à ce que les humains choisiront de privilégier, au profit de quoi et de qui.
Si l’humanité parvient à renverser la tendance naturelle d'un système à dégénérer et à mourir après maturité, quel est son devenir? Différentes alternatives philosophiques abordent ces questions, le transhumanisme, tout en adhérant aux valeurs de l’humanisme, reconnait et anticipe les changements radicaux de la nature et les nouvelles formes de vies induites par la science et la technologie. Le posthumanisme pousse plus loin encore et suggère un futur posthumain, sorte de finalité d’une évolution artificiellement perpétrée que certain·es prolongent même vers le concept de singularité technologique, où, définitivement, de nouvelles espèces intelligentes supplanteraient l’humanité.
Ce sont de beaux paradoxes existentiels que soulève Julie Tremble. Et l’on peut se demander si les avancées technologiques, l’exploration spatiale, la réduction des matières vivantes, ou non, à leur composition selon les éléments du tableau périodique, ne répondent pas plus à une ultime lutte contre les limitations de la vie qu’à une évolution de société, scientifique ou pas. — F.C.
Abiogenèse : des étoiles aux fossiles (2022)
Installation à 4 canaux, animation 3D — 15 min. 50 sec.
Tableau I — Fossiles
Évoquant le passage du temps au fil des millénaires et la transformation de la vie en fossile, des squelettes d’animaux et des coquillages tournoient comme s’ils étaient exposés dans un musée sans âge et sans lieu.
Tableau II — Stromatolites
Sorte de préquelle à la vie telle que nous la connaissons aujourd'hui, Stromatolites dépeint une époque, il y a 3,5 milliards d’années, où l’air n’était pas encore respirable et où le Soleil était plus petit et moins chaud. Sous un ciel chaud et brumeux, des stromatolites ont commencé à se développer, émergeant des eaux peu profondes qui recouvrent alors la majeure partie de la planète. Ces formations minérales sont générées par des cyanobactéries, le plus ancien organisme vivant de la Terre, également responsable pour la prolifération de l'oxygène qui a finalement donné naissance à une atmosphère vivable.
Tableau III — Coatlicue (diptyque)
Bien que non officiel, Coatlicue est le nom de l'étoile considérée par certain·es astrophysicien·nes comme ayant, lors de son explosion, initié la création du système solaire. Dans la première des deux animations, Tremble dépeint la durée de vie hypothétique de cette étoile : du moment où elle s'allume jusqu’au moment où elle explose. Jouant sur le caractère inconcevable de son étendue, sur le fait que l'étoile est en fait une concentration de matière gazeuse dans un ensemble de gaz, la seconde animation illustre le paysage intérieur de Coatlicue, c'est-à-dire son activité nucléaire, à partir d'images spectrales des éléments dont l'étoile est composée, comme l’hydrogène et le fer.
Conception sonore : Bruno Pucella
Colorisation : Guillaume Millet
Cette animation a été produite avec le soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec.
Luce RTX3090 (2022)
Animation 3D — 11 min. 11 sec.
Dans la vidéo dystopique Luce RTX3090, Tremble déplace ses réflexions sur le temps, la vie et l'être vers des questions sociales cruciales telles que l'économie et la souveraineté du corps. Cette fiction spéculative se passe en 2062. Une reconstitution numérique de l’emblématique actrice québécoise Luce Guilbeault à 127 ans (en réalité, Luce Guilbeault est décédée en 1991 d'un cancer). Elle raconte comment, afin d'augmenter la productivité de la main-d'œuvre, chaque personne sur la planète subit désormais un traitement antiâge obligatoire qui maintient le corps dans le même état que si celui-ci avait 25 ans. Mais, afin de contrôler la surpopulation, à 65 ans, le corps devient poussière. Dans le même monologue introspectif, Guilbeault envisage également comment sa vie d'actrice, capturée sur pellicule, contribuera à sa propre immortalité.
Texte, animation, montage : Julie Tremble
Conseillères au texte : Markita Boies, France Choinière
Prise de son : Émilie Blaise
Conception sonore : Bruno Pucella
Colorisation : Guillaume Millet
Cette animation a été produite avec le soutien du Conseil des arts du Canada et de PRIM.
Julie Tremble est une artiste de la vidéo et de l’animation. Nourrie entre autres par le cinéma, la littérature et la philosophie, elle se penche depuis 2014 sur la question de la représentation en astronomie. À partir de différentes sources : articles scientifiques, documentaires de vulgarisation, simulations numériques, documents de communication des agences spatiales, elle produit des vidéos et des animations où s’entremêlent données scientifiques, documentaire et science-fiction.
Julie Tremble détient une maitrise en études cinématographiques de l’Université de Montréal (2005) ainsi qu’un baccalauréat combinant cinéma et philosophie (2000). Son travail a été présenté au Canada et à l’international, dans des centres d’art parmi lesquels : le Museum Ludwig (Budapest), la Galerie d’art Foreman et Sporobole (Sherbrooke), la Fonderie Darling, la Galerie B-312, Dazibao et la Galerie Joyce Yahouda (Montréal), VU (Québec), ainsi que lors de différents festivals dont le Mirage Festival (Lyon), MAPP MTL, le Festival du nouveau cinéma et le Festival international du film sur l’art (Montréal), Images Festival (Toronto), la triennale Espace [IM] Média (Sherbrooke) et ARKIPEL – Jakarta International Documentary and Experimental Film Festival. De plus, elle présentera en 2023 une œuvre au STUDIOTELUS du Grand Théâtre de Québec. En 2013, elle reçoit le prix du CALQ pour la meilleure œuvre d’art et d’expérimentation.
Julie Tremble remercie chaleureusement Markita Boies, Ariel Borremans, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts et des lettres du Québec, PRIM et Sylvie Moreau.
Médiation
Rencontrez l’artiste
Julie Tremble
Le 26 novembre 2022 de 14 h à 16 h
Dans le cadre de son exposition Julie Tremble sera à la galerie entre 14 h et 16 h pour parler au public et répondre aux questions.
Passez voir l'exposition et rencontrez l'artiste dans un cadre informel!
Rencontrez l’artiste
Julie Tremble
Dans le cadre de son exposition, Julie Tremble s’entretient avec Christophe Malaterre, philosophe, professeur et Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en philosophie des sciences de la vie.
À l’image — Takeover 2
À l’image — Takeover est un projet d'art participatif pour lequel, pour une deuxième année, un groupe de jeunes montréalaises est invité à intervenir et à réagir à la programmation des expositions de Dazibao, en collaborant entre elles ainsi qu'avec leur mentore, l'artiste Veronica Mockler.
Autre exposition
Screaming Screen
Du 17 novembre 2022 au 21 janvier 2023
Une exposition préparée pour Dazibao par France Choinière, en étroite collaboration avec l'artiste. Dazibao remercie l'artiste de sa généreuse collaboration ainsi que son comité consultatif pour son soutien.
Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.
Dazibao reconnait être situé en territoire non-cédé de la nation Kanien'kehá: ka et que Tiohtià:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations et, aujourd'hui, une population autochtone diversifiée ainsi que d’autres peuples.