Lisl Ponger
Passages
Du 19 octobre au 16 décembre 2017
Vernissage le 19 octobre à 19 h
Les trois œuvres mises en parallèle ici soulèvent des enjeux de migration, de territoires, de frontières et posent nombre de questions quant à la validité des politiques d’intégration de plusieurs pays. Devant les difficultés éprouvées à rejoindre un lieu d’accueil, face à des conditions de migration dont la précarité persiste, devant la multiplication des zones de transit et la suite des antichambres à traverser, il est permis de se demander si nos sociétés livrent la « terre promise » et à quel coût pour les migrants. Dans un contexte comme celui de Dazibao, il est impossible d’ignorer comment les images informent ce phénomène, influent sur les perceptions tant de l’asile convoité que des nouveaux venus et creusent ainsi un profond écart entre l’anticipation et la réalité. Paradoxalement, l’image et la circulation désormais si aisée de celle-ci s’avèrent un outil de première ligne pour une majorité de migrants.
L’exposition propose des œuvres dont les rythmes et les modes de diffusion diffèrent des images médiatiques généralement mises en circulation afin de reconnaitre des récits souvent passés sous silence ou évincés de la sphère publique. S’inscrivant dans le sillage d’autres projets présentés par Dazibao qui abordent des enjeux de société très actuels, le travail de Hubert Caron-Guay, Hillside Projects (Emily Mennerdahl et Jonas Böttern) et Lisl Ponger invitent à analyser autrement les systèmes narratifs et images qui informent notre compréhension du monde.
Lisl Ponger
L’artiste autrichienne Lisl Ponger, établie à Vienne, utilise la photographie, le film et l’installation pour examiner et questionner nos conceptions de l’ « autre » et ses représentations trop souvent archétypales. Son travail a été largement présenté sur la scène internationale dans le cadre d’expositions individuelles et collectives ainsi que dans de nombreux festivals et biennales. Depuis les années 1990, elle traite de questions politiques qui demeurent encore aujourd’hui d’une grande actualité. Son œuvre s’articule autour de problématiques propres au colonialisme, à l’ethnologie et à la construction de l’identité.
Pour Passages (1996), Lisl Ponger récupère des films amateurs consacrés au voyage. D’abords destinés à un usage familial, ces images touristiques paraissent a priori gaies et bienveillantes, une sorte d’idéal d’album postcolonial. Lentement toutefois, l’éclat et l’exotisme des images contrastent avec le propos. L’apparente légèreté des souvenirs de voyage prend une autre dimension. À l’évasion suggérée par le voyage s’oppose des récits sans issus, des récits sans répit d’histoires individuelles de réfugiés fuyant la terreur nazie, de juifs forcés à quitter Vienne qui s’entremêlent à d’autres relatant les tortures et les prisons subies en tentant de se réfugier à Vienne. Par une sorte de cartographie imaginaire du monde postcolonial du 20e siècle et de ses migrations Passages semble annoncer les déplacements du siècle suivant.
― F.C.
Cette exposition est présentée par Dazibao à l'occasion des RIDM.
Autres expositions
Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.