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salle d'exposition
 

Lori Blondeau
I’m Not Your Kinda Princess

Du 27 avril au 23 juin 2023
Vernissage le 27 avril de 17 h à 19 h, en présence de l’artiste
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Le vernissage sera suivi d’une projection dv_vd : Empreintes cinétiques. Rachel Echenberg à 19 h

Dazibao présente, en collaboration avec Plug In Institute of Contemporary Art (Winnipeg), I'm Not Your Kinda Princess, une sélection d'œuvres clés de l'artiste Cri/Saulteaux/Métis Lori Blondeau (Saskatchewan), choisies parmi celles sélectionnées à l’origine par la commissaire Nasrin Himada. Depuis les années 1990, la pratique de Lori Blondeau en performance, en photographie et en installation, ainsi que son travail de commissaire et ses activités en tant que cofondatrice et directrice générale du collectif d'art indigène TRIBE, se sont avérés déterminants pour la convergence toujours croissante de l'art et de la production de connaissances autochtones au Canada. Il s'agit de la première exposition individuelle de Lori Blondeau à Montréal.


  • — Duratrans sur caisson lumineux, 108 cm x 80,2 cm x 17 cm

    Lonely Surfer Squaw découle d'une image générique de carte postale trouvée issue de la culture populaire américaine montrant une surfeuse à l'allure californienne sur la plage. Cette pièce fait partie d'une série d'œuvres sur caissons lumineux et de cartes postales que l'artiste a recréées en utilisant la même image. Elle s'insère dans cette iconographie en tant pin-up surfeuse des années 1960, sauf que, comme elle le fait remarquer, « Je suis une femme autochtone se tenant dans les Prairies au milieu de l'hiver ». Blondeau regarde l'appareil photo avec insolence dans son bikini en fausse fourrure et ses bottes, en tenant sa planche de surf rose surdimensionnée dans la neige. Elle incarne l'archétype de la bombe surfeuse et déstabilise par son propre sens de la satire les intentions voyeuristes et objectivantes contenues dans de telles images. Bien qu'irrévérencieux, cet acte performatif dans des paysages comme celui dans lequel elle pose détourne la vision véhiculée par les médias omniprésents qui rabaissent et réduisent les femmes autochtones.

    Avec l'aimable permission de Remai Modern, Collection de la Galerie d'art Mendel, acquise avec l'aide du Conseil des arts du Canada en 2008.

  • — Documentation de la performance, 20 min. 27 sec.

    Dans COSMOSQUAW, Lori Blondeau poursuit une narration visuelle irrévérencieuse. Il met en scène un personnage fictif et caricatural, Betty Daybird (la petite-fille de Belle Sauvage, un autre personnage de l'artiste), né sous la forme d'une série de cartes postales reprenant une imagerie du début du 19e siècle. Ce support a contribué à la prolifération d'images eurocentriques réductrices et dévalorisantes des femmes autochtones, qui ont alimenté de nombreux stéréotypes toujours répandus, tels que la princesse autochtone ou la squaw, et a été une autre façon de coloniser l'identité autochtone et de la mettre à l'écart de sa réalité et de son histoire. La série de cartes postales de Blondeau adopte une approche satirique astucieuse pour contourner les représentations fictives en utilisant son corps comme moyen de mettre en évidence leur absurdité inhérente. Ses performances en direct ont prolongé ce contre-jeu critique. L'artiste a transformé la galerie en un décor théâtral de Far West du 19e siècle pour son personnage de Betty Daybird, qui est un mélange de personnages autochtones tirés des spectacles du Far West et du Vaudeville. Avec son personnage déjanté, Blondeau conteste les récits prédominants soutenus par la culture populaire à propos de l'identité des Premières nations. Le titre COSMOSQUAW est tiré de la revue féminine Cosmopolitan, que Betty Daybird feint de lire dans le cadre de la performance — la revue étant un autre lieu eurocentrique où les normes de beauté privilégient les teints clairs, jugés comme préférables et dignes. Squaw est un mot indigène qui signifie « femme », mais qui a été utilisé de manière péjorative lorsque les peuples des Premières nations ont résisté aux colonisateurs. En utilisant squaw avec cosmo, Blondeau inscrit les femmes autochtones dans la beauté céleste des étoiles et du cosmos.

    Performance présentée dans le cadre du festival Re-Inventing the Diva, une coproduction de Exhibitions and Media art pour Western Front (Vancouver, CB).

  • — 2 impressions sur papier, 89,5 cm x 70 cm chacune

    Cette pièce met en scène Belle Sauvage, un personnage ironique récurrent de Lori Blondeau créé dans le contexte d'une commande de la Dunlop Gallery en 1998. Depuis, Belle Sauvage a évolué à travers une série de performances en direct et diverses mises en scène photographiques, comme ces deux pièces. Ce personnage lui a permis d'analyser de manière critique et de renverser le pouvoir des stéréotypes sur l'identité des peuples autochtones. Bien que ces performances aient été réalisées avec humour et ironie, elle a employé ce personnage fictif pour raconter des histoires réelles qui témoignent du poids traumatique du colonialisme sur sa famille et sur sa communauté élargie. Belle Sauvage est une cowgirl qui, à travers ses voyages, se confronte au regard colonial du Far West (terme qui, en lui-même, véhicule l'idée de sauvagerie attribuée aux peuples autochtones qui ont tenté de résister à l'invasion coloniale). Cette œuvre emprunte à l'esthétique vaudevillesque, une forme qui a contribué à faciliter et à diffuser certaines idéologies de conquête des terres « disponibles » dans l'Ouest. Sur la photo, Belle Sauvage, vêtue de sa tenue de cowgirl, se tient debout, pistolet à la main et fume, comme si elle réfléchissait à son prochain coup. Un texte écrit au bas de l'image indique en élégantes lettres cursives : « Plus ils étaient en phase avec leur époque, plus ils buvaient… ». Blondeau a emprunté cette remarque à un documentaire sur les premières installations coloniales dans l'État de New York. Le « ils » dont il est question fait référence au peuple autochtone colonisé et « l'époque » est celle de l'occidentalisation. Comme le souligne Blondeau, l'alcool a été introduit dans la population autochtone à une époque où les modes de vie autochtones étaient menacés d'éradication. In Tune With The Times est une œuvre allusive ancrée dans une réalité sombre et troublante, dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui.

    Avec l'aimable permission de la Kenderdine Art Gallery | College Art Galleries | Collection d'art de l'Université de Saskatchewan.

  • — 14 impressions à jet d'encre sur papier, 61 cm x 61 cm chacune

    Initialement une performance en direct, Grace a été adaptée pour inclure ami·es et famille dans cette série de quatorze images photographiques. C'est l'une des très rares fois où l'artiste intègre un groupe dans son travail. Ici, elle transforme la singularité du « soi » performatif en une communauté multiforme. Ce faisant, elle souligne que les histoires qu'elle transmet par ses performances ne sont pas exclusivement les siennes, pour elle ou issues de sa famille, mais des histoires plus vastes et plus lointaines. Photographiée sur fond noir, chaque figure de l'image est centrée dans son cadre respectif et présente alternativement un geste de la main orienté vers l'intérieur et vers l'extérieur. Les gestes suggèrent à la fois que la personne se cache pour se protéger et qu'elle repousse le regard de l'observateur. Vus tous ensemble, les mouvements en alternance créent un chœur chorégraphique de symboles talismaniques, volontairement compréhensibles que par la communauté de personnes qui les ont créés.

    Avec l'aimable permission de la Kenderdine Art Gallery | College Art Galleries | Collection d'art de l'Université de Saskatchewan.

  • — Documentation de la performance, 17 min. 54 sec.

    Sisters documente une série de gestes rituels performés par Lori Blondeau devant un public dans une galerie. L'artiste met en scène des activités domestiques quotidiennes des femmes autochtones qu'elle a côtoyées dans son enfance. À travers diverses actions, telles que broyer des baies de cerisier entre des pierres et préparer le poisson pêché pour le cuisiner, elle préserve les connaissances et des traditions matrilinéaires de sa famille. Elle témoigne de la résistance de cette histoire familiale malgré les effets destructeurs du système des pensionnats auxquels sa mère a été soumise. Par le biais d'une communication culturelle symbolique, Blondeau transmet, entretient et encourage des modes d'existence autochtones non coloniaux.

    Performance présentée dans le cadre de la Rencontre internationale d'art performance de Québec organisée par Le Lieu - centre en art actuel.

  • — Documentation de la performance, 29 min. 32 sec.

    States of Grace est un enregistrement vidéo d'une performance que l'artiste a présenté initialement à la Mandel Art Gallery avec divers accessoires de scène. Pour la Biennale de Venise en 2007, elle a reconstitué la performance à l'extérieur où elle a performé pendant cinq jours, juste avant le coucher du soleil. Vêtue d'une luxuriante robe dorée, l'artiste est assise sur un siège en forme de trône au milieu d'une voie publique à la biennale. Elle est encerclée par des cierges symbolisant les différentes notions du mot « grâce » — l'une qui lui est imposée et l'autre qu'elle aborde comme stratégie de survie. La voix monotone de l'artiste est diffusée pendant la performance et raconte une série de sept histoires : une sur la naissance de ses quatre enfants, une sur le passage du temps et des histoires sur la mort. Dans chaque récit, elle tourne ses paumes ouvertes vers l'intérieur et vers l'extérieur, loin de son visage — un geste pouvant être interprété comme le contraste entre les états de grâce face à la perte et la célébration de la vie.

    Performance présentée dans le cadre du projet Requickening avec l'artiste Shelly Niro lors de la 52e Biennale de Venise.

  • — Photographie numérique, 152,4 cm x 111,8 cm

    Cette œuvre fait partie de la série du même nom, Asinîy Iskwew, qui se traduit par « Femme de pierre » en cri, la langue ancestrale de l'artiste. Dans cette photographie monumentale, nous voyons Lori Blondeau se dressant majestueusement, enveloppée dans un drapé de velours rouge vif. Une plateforme de pierres donne à sa stature une présence imposante. Elle évite le regard du spectateur en regardant calmement au-delà du présent et vers l'horizon lointain. C'est comme si elle contemplait l'avenir tout en étant maintenue par les formations de la terre qui fortifient sa résilience matrilinéaire. L'œuvre reconnait la valeur sacrée des rochers, gardiens de la mémoire et des histoires collectives. Le site sur lequel se trouve Blondeau est un lieu de rassemblement cérémonial significatif pour les peuples des Plaines et cette œuvre est sa façon de valoriser le savoir historique qu'il renferme en dépit de l'intrusion coloniale.

    Avec l'aimable permission de Biennale d’art contemporain autochtone (BACA) et de l'artiste.


Avec ses performances, dont Are You My Mother? (2000), Sisters (2002) et States of Grace (2007), ainsi que ses œuvres photographiques, dont COSMOSQUAW (1996), Lonely Surfer Squaw (1997) et Asinîy Iskwew (2016), la pratique de Blondeau, tant en solo qu'en collaboration avec d'autres artistes, dont James Luna, Rebecca Belmore, Shelly Niro et Adrian Stimson, témoigne d'une clarté remarquable par sa précision, son humour et sa puissance. Ses œuvres photographiques et ses installations ont fait l'objet d'expositions collectives et individuelles à la Art Gallery of Windsor (Ontario), à la Kelowna Art Gallery, à la Art Gallery of Alberta (Edmonton) et au Remai Modern (Saskatoon), entre autres. Ses performances ont été présentées à Nuit Blanche (Saskatoon et Winnipeg), à VIVO (Vancouver), au Musée des beaux-arts de l'Ontario (Toronto) et à la Biennale de Venise 2007. Blondeau a participé à des tables rondes et donné des conférences à la Art Gallery of Ontario, à l'Université de la Saskatchewan (Saskatoon), au IAIA Museum of Contemporary Native Arts (Santa Fe) et à la Biennale de Sydney de 2020. Depuis 2018, Blondeau est professeure adjointe d'art autochtone à l'École d'art de l'Université du Manitoba ; elle a siégé au comité consultatif du programme d'arts visuels du Conseil des arts du Canada et a été membre du Aboriginal Curatorial Collective. Elle a reçu le Prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques en 2021.


 


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À l’image — Takeover 4

À l’image — Takeover est un projet d'art participatif pour lequel, pour une deuxième année, un groupe de jeunes montréalaises est invité à intervenir et à réagir à la programmation des expositions de Dazibao, en collaborant entre elles ainsi qu'avec leur mentore, l'artiste Veronica Mockler.


 

Dazibao remercie l'artiste et Plug In Institute of Contemporary Art de leur généreuse collaboration ainsi que son comité consultatif pour son soutien.

Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du Ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.

Dazibao reconnait être situé en territoire non-cédé de la nation Kanien'kehá: ka et que Tiohtià:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations et, aujourd'hui, une population autochtone diversifiée ainsi que d’autres peuples.