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© Tanya St-Pierre & Philippe-Aubert Gauthier

 
 
hors les murs
 

Tanya St-Pierre & Philippe-Aubert Gauthier et Julie Tremble

Hors contexte parfait — Úr fullkomnu samhengi

Du 3 juillet au 28 aout 2025
📍 The Factory (Hjalteyri, Islande)

Une initiative issue d’une collaboration entre Factory (Islande) et Dazibao, Hors contexte parfait mise sur une apparente incompatibilité et une décontextualisation amplifiée pour explorer de nouvelles formes de collaboration et de mise en exposition. Prenant pour assise notre rapport à la nature ainsi que son inscription dans la culture, le projet propose une rencontre entre l’urbanité et les grands espaces, des pratiques de mise en images puisées à même le réel et d’autres entièrement créées numériquement ainsi qu’un croisement, voire une confrontation, entre une nature fragilisée, en péril, et une nature idéalisée, magnifiée. Deux expositions sont présentées, l’une à Dazibao qui réunit des œuvres de Gústav Geir Bollason et de Thorbjörg Jónsdóttir, et l’autre à Factory, qui présente des œuvres du duo Philippe-Aubert Gauthier et Tanya St-Pierre, et de Julie Tremble.

En proposant tantôt un regard de l’extérieur et d’autres fois de l’intérieur, Hors contexte parfait souligne l’influence des lieux et de l’univers bâti sur notre manière de percevoir les choses, ainsi que sur notre façon de s’inscrire dans le vivant — ou pas.


Dans l’exposition réunissant des œuvres de Julie Tremble et du duo Philippe-Aubert Gauthier et Tanya St-Pierre présentée à la Factory, c’est toute la volonté d’instaurer un climat de réalisme cinématographique en usant d’un corpus d’images entièrement générées ou manipulées numériquement qui se frotte à la grandeur bucolique des paysages islandais et à l’imposante architecture du lieu. Dans un dialogue troublant entre la réalité et le fantasme digital, les images plus vraies que nature de Julie Tremble se jouxtent aux vues magnifiques qu’encadrent les ouvertures du bâtiment, alors que les espaces domestiques minutieusement fabulés par Gauthier et St-Pierre cherchent à s’incruster dans l’histoire industrielle et la rugosité du même lieu. Dans ce jeu d’influences réciproques, la porosité des images, des lieux, de la matière même de ce qui constitue ce qui est donné à voir installe le regard dans une sorte de temps vertical où le cumul des temporalités agit sur notre perception du monde et de ses représentations. Une perception également modelée, parfois détournée, par l’apport significatif du travail sonore.

Dans Abiogenèse : des étoiles aux momies, Julie Tremble crée des représentations saturées, extrêmement détaillées, de paysages planétaires ou célestes qui scrutent la nature de la composition élémentaire et son rôle dans la création de toute matière — vivante ou non — dans l’univers. S’appuyant à la base sur des données scientifiques, l’artiste propose une réflexion philosophique sur la vie et le devenir du genre humain en explorant différentes perspectives qui en appellent tout autant à la raison qu’à une spéculative projection technologique. Un portrait vidéo de Luce Guilbeault — figure iconique du cinéma québécois et du féminisme de la fin du 20e siècle, décédée prématurément à l’âge de 56 ans — dépeint celle-ci âgée des 127 ans qu’elle aurait aujourd’hui. L'actrice, imaginée par Tremble, revisite sa vie en racontant un futur hypothétique et les développements scientifiques qui imposent à l'humanité des problématiques éthiques, politiques et sociales.

La catastrophe ultraviolette, pour sa part, traite du caractère virtuel de la matière. À travers trois grandes fresques, de majestueux paysages naturels inspirés de la nature sauvage du Nord du Québec sont rendus avec un photoréalisme subjuguant. Dans une observation tant macro que micro, le regard voyage à travers des centaines de kilomètres avant que ne survienne une perturbation faisant trembler l’image jusqu’à la rompre et ainsi diverger vers une représentation d'un autre monde. Qu'un tel effondrement soit photonique ou reflète une forme de prise de conscience, les plus petits éléments — molécules, rayons — donnés à voir par la lentille d'un microscope rayonnent d'une grandeur absolue. En réponse à ces rencontres fortuites, la bande sonore de l'œuvre, conçue par Rehab Hazgui, transpose les aléas quantiques en des probabilités sonores. 

Dans un état hypnagogique — L'installation et Dans une sorte de rêve éveillé — L’invitation, de Philippe-Aubert Gauthier et Tanya St-Pierre, contemplent le désir et la volonté de domestiquer la nature. Dans une lecture quasi fantasmée de cette tendance humanoïde à vouloir engloutir tout ce qui est sauvage, les artistes questionnent les processus de consommation et de représentation. Prenant comme matériau de base une série impressionnante de collages réalisés par St-Pierre à partir de magazines de décoration d'intérieur des années 1970 et 1980, les deux œuvres bien qu'abordant des environnements architecturaux radicalement différents — l’une utilisant le cadre du condo de luxe et l’autre l’archétype du bungalow chic — proposent sous la forme d'animations numériques multicanales une sorte d’archéologie visuelle déjantée. Les techniques de déchirement, de découpage, l'extraction et l'assemblage inhérents au collage — manuels ou technologiques — prennent de multiples sens lorsque ces gestes sont associés à des concepts liés à la nature. C’est à la fois ce que l’on souhaite magnifier, un idéal à protéger, un motif réconfortant tout autant qu’une menace, une manifestation indomptable du vivant, et forcément une incursion de ce qui serait extérieur à nos intérieurs.

Tandis que le regard survole toutes les pièces du salon à la chambre à coucher, les images se transposent et se replient les unes sur les autres, s’accumulent en de fines strates à l’allure spectrale dont la trame trahit parfois l’origine. On s'engage ainsi dans une hyperréférentialité dont l’apogée à priori onirique présage plutôt d’une forme sublimée de l'effondrement. L'ambivalence d’une situation inconnue, amplifiée par un univers sonore dont le timbre, l'intensité et la fréquence multiplient les tensions et les effets dramatiques en se synchronisant aux images.

Dazibao remercie le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts et des lettres du Québec pour leur soutien.


Julie Tremble est une artiste de la vidéo et de l’animation. Nourrie par le cinéma, les sciences naturelles, la littérature et la philosophie, elle s’intéresse aux constituants de l'univers, aux états de la matière et à leurs représentations. En mettant en scène des théories et enquêtes scientifiques, elle produit des science-fiction expérimentales, contemplatives et hallucinées.

Son travail a été présenté au Canada et à l’international, dans des centres d’art tels que le Museum Ludwig (Budapest), Dazibao, la Fonderie Darling, la Galerie Joyce Yahouda (Montréal), STUDIOTELUS du Grand Théâtre de Québec, VU (Québec), la Galerie d’art Foreman et Sporobole (Sherbrooke). Elle a également participé à divers festivals, dont le Mirage Festival (Lyon), Mapping (Genève), le Festival du nouveau cinéma, le FIFA (Montréal), Images Festival (Toronto), la triennale Espace [IM] Média (Sherbrooke) et ARKIPEL (Jakarta). En 2013, elle reçoit le prix du CALQ pour la meilleure œuvre d’art et d’expérimentation.

Tremble a également participé à des conférences internationales multidisciplinaires dont l’International Society for the History Philosophy and Social Studies of Biology (2023, Université de Toronto) et Origine de la vie, discours et représentation (2023, Acfas, Université de Montréal). En 2023, elle a été accueillie en résidence de recherche à l'Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires de l'Université de Strasbourg. 

Julie Tremble remercie le le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada pour leur soutien.

Philippe-Aubert Gauthier est artiste sonore et numérique, musicien, ingénieur, docteur en acoustique et professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Sa démarche artistique repose sur l'interaction entre les arts, les cultures, les sciences et les technologies, dans une perspective critique. 

Artiste en arts visuels, sonores et numériques, Tanya Saint-Pierre développe une pratique qui englobe l’image et la vidéo de synthèse et l’installation. Son travail, à la fois poétique et conceptuel, utilise le collage et l'échantillonnage pour explorer les relations possibles entre les arts visuels ou numériques et la narration.

Ayant chacun une pratique individuelle, Philippe-Aubert Gauthier et Tanya Saint-Pierre travaillent en duo depuis 2003, combinant leurs intérêts et spécialisations. Leur travail a été présenté au Québec, au Canada et à l'international, dans des centres parmi lesquels STUDIOTELUS du Grand Théâtre de Québec, CIRCA art actuel (Montréal), IKLECTIC (Londres, R-U), la Galerie d'art Foreman de l'Université Bishop's (Lennoxville), ainsi que des festivals dont Les Rencontres Internationales Paris/Berlin, Art Souterrain (Montréal) et Ftarri Festival (Osaka), entre autres.

Philippe-Aubert Gauthier et Tanya Saint-Pierre remercient le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Grand Théâtre de Québec pour leur soutien.

 

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Projection

Programme vidéo
Hors contexte parfait — Úr fullkomnu samhengi

Juillet 2025
📍 The Factory (Hjalteyri, Islande)

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Autre exposition


 

Dazibao remercie les artistes et Factory pour leur généreuse collaboration ainsi que son comité consultatif pour son soutien.

Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du ministère de la Culture et des Communications et de la Ville de Montréal.

Dazibao reconnait être situé sur le territoire non cédé de la nation Kanien'kehá : ka et que Tiohtiá:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations, réunissant aujourd'hui une population diversifiée d'autochtones et d'autres peuples. Guidé par une éthique fondée sur le respect, l'écoute et la sensibilisation, Dazibao s'engage à poursuivre sa réflexion sur les défis systémiques et profondément enracinés liés à l'accessibilité et à l'inclusion dans les arts et au-delà, et s'efforce d'appliquer ces réflexions à tous les aspects de ses activités et de sa gouvernance.