Anne-Renée Hotte
Song Circle

Du 9 février au 8 avril 2023
Vernissage le 9 février à 18 h

Résidence de production-diffusion en collaboration avec PRIM

Dans une forme morcelée, volontairement énigmatique, Song Circle propose une collection de vignettes, de tableaux où la quête de sens rivalise avec l’immédiateté de l’émotion. S’en dégage une douce mélancolie associée à la solitude et à la sensation prégnante d’une incessante recherche de l’autre qui, invariablement, nous renvoie à la confusion de nos propres sentiments. 

Cette émotion, parfois distillée en crescendo, d’autres fois tout en retenue, propose une narration onirique diffractée entre le réel et l’imaginaire, entre la projection mentale et celle des images. Parfois le passé s’y conjugue au présent ou s’accorde dans ce temps insondable du futur antérieur. Insituables mais familiers, les lieux visités semblent immuables, les vivants inatteignables, introspectifs ou tout absorbés qu’ils sont dans ces gestes qui attestent de leur présence au monde. 

Chorale sur le plan visuel, Song Circle est sillonné de synapses sonores. La composition musicale s’avère une protagoniste qu’incarnent tant les instruments que les musiciens et musiciennes. Minutieusement décomposée pour s’infiltrer, voire à l’occasion dominer les sons ambiants, la musique permet des frottements entre des espaces et des temps qui s’ignorent, de ces contacts furtifs qui suscitent les rapprochements sans déterminer d’une finalité autre que le passage du temps que rythme le métronome.  

Song Circle va partout, sauf en ligne droite. Ses circonvolutions, comme autant de ronds dans l’eau, se répercutent sans jamais se toucher, s’écoutent pour mieux se voir et se regardent sans s’entendre, dans une boucle infinie. De toutes ces ellipses se dégage une œuvre d’une profonde humanité, dont personne ne retiendra tout à fait la même chose. Seul·e, ensemble. — F.C.

Récipiendaire de la résidence de production-diffusion PRIM-Dazibao, qui a mené à la réalisation de Song Circle, Anne-Renée Hotte a complété une maitrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal (2016), suite à un baccalauréat en photographie de l’Université Concordia (2010). Son travail a été présenté au Musée d’art contemporain des Laurentides (St-Jérôme), au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, à la Galerie Artem (France), à la Galerie de l’UQÀM (Montréal), à Volta New York, à la Galerie Trois Points (Montréal) et à AXENÉO7 (Gatineau). On retrouve ses œuvres dans plusieurs collections publiques et privées.

Anne-Renée Hotte remercie le Conseil des arts du Canada pour son soutien. 

“Une grande humanité émane de l’œuvre notamment, par ces instants d’une banalité bouleversante; un couple étreint se balance doucement au son du piano, des joueuses de soccer s’étirent en silence, un apiculteur prend soin de son élevage bourdonnant. L’attention aux détails et l’impressionnante symétrie quasi surnaturelle dissonent délicieusement avec la douceur des différents tableaux. Les êtres vivants et les choses nous en disent peu, ils ne performent que pour eux-mêmes dans un naturel artificiel. Ignorant la caméra, ils nous confèrent le rôle de témoin silencieux des gestes, des mouvements, mais surtout de la solitude. Malgré la banalité des situations, celles-ci nous semblent inatteignables, nichées dans un univers qui frôle le songe. Les paroles et les discussions sont absentes de la narration. La musique se charge alors de ponctuer les scènes sans les supplanter. En effet, l’artiste insère ingénieusement ces performances musicales, hétéroclites autant par les styles que par la nature des instruments présentés : piano, contrebasse, flûte et percussions.”

— Laurence Gaudreault

↘︎ Texte complet, rédigé dans le cadre du cours Atelier de critique (UQÀM)